Les autorités du nord de la Chine ont arrêté un évêque catholique nommé par le Vatican, ses sept prêtres et dix séminaristes, dans le cadre d’une nouvelle répression de l’Église catholique clandestine.
Ucanews.com rapporte que la police a arrêté l’évêque Joseph Zhang Weizhu, 63 ans, du Xinxiang le 21 mai, un jour après avoir arrêté les prêtres et les séminaristes pour avoir prétendument violé la nouvelle réglementation du pays sur les affaires religieuses.
Les autorités chinoises ne reconnaissent pas le diocèse de Xinxiang depuis que le Vatican l’a érigé en 1946, pendant la guerre civile qui a conduit à la révolution communiste chinoise en 1949.
L’évêque Zhang, nommé par le Vatican, a été ordonné secrètement en 1991. Sa nomination par le Vatican n’a pas été approuvée par la Conférence des évêques de l’Église catholique de Chine et l’Association patriotique catholique chinoise, toutes deux alignées sur l’État, rapporte ucanews.com.
La Chine a mis en place un nouvel ensemble de règles pour le clergé religieux qui est entré en vigueur en mai dernier. Elle demande à tous les membres du clergé de s’enregistrer auprès de l’État afin de servir les catholiques, tout en demandant à ces derniers d’élire leurs évêques de manière démocratique.
En 2018, la Chine et le Vatican ont signé un accord provisoire de deux ans sur la nomination des évêques; le Vatican a déclaré que l’objectif était d’unifier l’Église catholique. L’accord a été renouvelé en 2020.
Au moment de la signature de l’accord, le pape François a régularisé la situation de sept évêques qui avaient été ordonnés sans l’approbation du Vatican. Aucune mention n’a été faite de la situation des évêques dits clandestins, ceux qui ont refusé de s’enregistrer auprès du gouvernement chinois.
Après la signature de l’accord provisoire en 2018, Anthony Lam Sui-ki, chercheur principal au Holy Spirit Study Centre de Hong Kong, a suggéré qu’une période de transition était nécessaire pour les catholiques des communautés clandestines afin qu’ils puissent s’adapter au nouvel environnement.
M. Lam, qui a déclaré ne pas connaître les détails de l’accord, a souligné que le pape Benoît XVI, aujourd’hui à la retraite, avait décrit la communauté ecclésiastique clandestine en Chine comme un phénomène inhabituel, et que le pape François demanderait désormais aux communautés clandestines de «refaire surface» après que le gouvernement chinois aura pris les dispositions nécessaires.
Ucanews.com rapporte que certains catholiques chinois affirment que la nouvelle réglementation gouvernementale vise à mettre fin à l’Église clandestine en criminalisant et en arrêtant son clergé qui travaille en dehors de la base de données du clergé approuvée par l’État.
Depuis l’entrée en vigueur de l’accord, le Vatican a approuvé sept évêques nommés par Pékin; l’Église sanctionnée par l’État a approuvé et installé cinq évêques nommés par le Vatican, rapporte ucanews.com.
Mgr Zhang, qui dirige un diocèse de 100 000 catholiques, n’a pas été approuvé par l’Église d’État, même après la signature de l’accord entre la Chine et le Vatican. Il a subi des pressions constantes de la part des autorités de l’État et a été arrêté à plusieurs reprises avant d’être relâché.
Selon les catholiques locaux, un administrateur nommé par le gouvernement dirige le diocèse depuis 2010 et rend compte directement à l’État. L’évêque n’est pas autorisé à gérer les finances et les ressources du diocèse.
Les arrestations ont eu lieu après que le diocèse ait décidé d’utiliser une usine abandonnée comme séminaire. Les autorités ecclésiastiques ont été accusées d’avoir violé les règles gouvernementales, selon ucanews.com.
Selon les médias, une centaine de policiers ont encerclé le bâtiment la veille de l’arrestation de Mgr Zhang. Alors que le déploiement policier se poursuit, une chasse à l’homme est en cours pour rechercher d’autres séminaristes qui auraient fui pour éviter les arrestations.
La répression dans le Xinxiang survient alors que le pape François a appelé les catholiques du monde entier à prier pour les chrétiens de Chine, qui célèbraient le 24 mai la fête de Marie, patronne du pays.
«La Mère du Seigneur et de l’Église est vénérée avec une dévotion particulière dans le sanctuaire de Sheshan à Shanghai et est invoquée assidûment par les familles chrétiennes dans les épreuves et les espoirs de la vie quotidienne», a déclaré le pape.
Les catholiques de Chine continentale ont pour tradition de faire un pèlerinage chaque année pour prier au sanctuaire de Sheshan, le plus célèbre sanctuaire marial du pays, en particulier autour du 24 mai.
Ces dernières années, les autorités ont placé de nombreux obstacles devant les pèlerins et, cette année, elles ont empêché toute visite du sanctuaire pendant le mois de mai, en invoquant la pandémie de coronavirus, même si les parcs d’attractions de la région sont ouverts.
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