«Encore une fois», soupire Marie-Claude Lalonde, directrice de la branche canadienne d’Aide à l’Église en détresse (AED), en commentant les attaques à la bombe commises le 9 avril, en Égypte, contre deux églises coptes. «Le fait qu’on ait choisi le début de la Semaine sainte pour perpétrer ces attentats, ce n’est pas un geste innocent», fait-elle observer.
Mais ces événements dramatiques ne feront pas en sorte que l’organisme d’aide se retire du pays. «Au contraire», lance-t-elle. Elle explique que certains projets de l’AED en Égypte «impliquent des catholiques et des orthodoxes». En Égypte, on estime que 10% des 92 millions d’habitants sont chrétiens. La plupart sont membres de l’Église copte orthodoxe.
«Ceux qui ont péri hier de la main de terroristes et de fanatiques, ce sont les nouveaux martyrs de l’Église du Moyen-Orient», martèle de son côté Carl Hétu, directeur national de l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA).
Pour lui, «ces événement montrent, sans aucun doute, que des extrémistes cherchent à tout prix à se débarrasser des chrétiens au Moyen-Orient».
Ces gens sont même prêts à s’en prendre aux chefs des grandes Églises, déplore le directeur de CNEWA, rappelant que le pape Tawadros II, patriarche des coptes d’Égypte, était présent dans la cathédrale Saint-Marc d’Alexandrie lorsqu’un kamikaze a déclenché dimanche, à l’entrée de l’église, la charge explosive qu’il portait sur lui.
Une visite papale risquée
Il reconnaît volontiers que le pape François entreprendra un voyage à haut risque en Égypte, à la fin du mois d’avril. «Mais il ne faut pas céder à la peur. Il faut plutôt s’assurer que tout est mis en œuvre afin de protéger les personnes qui peuvent influencer positivement le monde.»
«La visite du pape en Égypte sera très significative», ajoute-t-il. Le pape François se rendra dans ce pays à l’invitation du patriarche Tawadros II et du grand imam de la mosquée Al-Azhar, le sheikh Ahmed Mohamed el-Tayeb. «Il y a des gens qui ne veulent pas que le pape rencontre la plus haute autorité musulmane [sunnite]. Mais elle doit avoir lieu.»
La directrice d’AED estime aussi que la décision du pape François de maintenir son voyage en Égypte est importante.
«Sur le plan œcuménique, que deux grandes figures, les papes François et Tawadros, catholique et orthodoxe, se rencontrent, ce sera un moment très significatif. Cela va montrer que les chrétiens d’Égypte se tiennent ensemble et qu’ils sont capables de parler d’une seule voix.»
Carl Hétu rappelle que «les chrétiens d’Égypte ne vivent pas en vase clos». Ils vivent en harmonie entre eux mais aussi aux côtés d’une très grande communauté musulmane.
Lors de ses voyages en Égypte, dans les petits villages comme dans les grandes ville, le directeur de CNEWA a été témoin de cette «belle dynamique» qui existe entre les membres des deux grandes religions.
«Les écoles des chrétiens, leurs dispensaires, leurs cliniques et leurs services sociaux aident une majorité des musulmans. En Égypte, les chrétiens et les musulmans s’entendent bien», répète le directeur de CNEWA. «Des fanatiques veulent briser cette relation, c’est tout ce qu’ils cherchent à faire.»