Des organisations juives canadiennes se disent alarmées par la hausse des crimes haineux au Canada, alors que les juifs demeurent les plus visés par ces crimes.
Le 28 novembre, Statistique Canada a rendu publiques les données préliminaires sur les crimes haineux déclarés à la police pour l’année 2016. On y apprend que l’an dernier, la police a déclaré 1 409 crimes haineux au pays. C’est 47 de plus que l’année précédente, ce qui correspond à une légère augmentation de 3%. Ce nombre représente moins de 0,1 % des 1 895 546 crimes (excluant les délits de la route) qui ont été déclarés par la police pour 2016, précise l’organisation. La plupart des crimes haineux sont non-violents (740 cas, contre 563) et sont essentiellement des méfaits.
Par ailleurs, Statistique Canada indique que «la tendance nationale est influencée par une augmentation des infractions déclarées au Québec et en Colombie-Britannique et par une diminution en Ontario et en Alberta» et que les crimes haineux étaient de nature plus violente en 2016.
Selon Statistique Canada, l’augmentation générale du nombre de cas s’explique par une hausse des crimes haineux visant les «Sud-Asiatiques, les Arabes, les Asiatiques de l’Ouest et la population juive ainsi que des affaires motivées par la haine d’une orientation sexuelle».
Le tiers (33%) des crimes haineux commis au Canada en 2016 concerne la religion. Les juifs (221 cas, 16%) représentent le groupe le plus visé, toute catégorie confondue, devançant les Noirs (214 cas, 15%), les gens visés en raison de leur orientation sexuelle (176 cas, 13%) et les musulmans (139 cas, 10%). Parallèlement, les crimes haineux contre des musulmans et des catholiques ont diminué en 2016.
Le nombre de crimes haineux contre les juifs est passé de 178 en 2015 à 221 en 2016, ce qui correspond à une augmentation de 24%.
Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA) a réagi en notant que «l’antisémitisme et la haine sous toutes ses formes continuent d’exister aux marges de la société».
«Nous sommes alarmés par la hausse générale des crimes haineux, leur nature de plus en plus violente et la recrudescence d’incidents ciblant la communauté juive, des tendances validées par ce rapport», a déclaré Shimon Koffler Fogel, PDG de CIJA.
Son organisation demande aux trois paliers gouvernementaux de «prendre quatre mesures pratiques pour lutter contre ces tendances inquiétantes». CIJA souhaite ainsi l’établissement de «lignes directrices uniformes» pour les données sur les crimes haineux au pays, que chaque service de police «d’une certaine envergure» ait une unité consacrée aux crimes haineux, que des programmes de formation soient mis en place pour «assurer une application plus cohérente et efficace des lois sur les discours haineux et que de nouvelles mesures soient prises «pour surveiller et contrer la diffusion de la propagande haineuse».
De son côté, B’nai Brith Canada – la plus vieille organisation juive au pays, fondée en 1875 – a indiqué que les données de Statistique Canada correspondent à celles de l’édition 2016 de son Audit des incidents antisémites, qui notait des niveaux record d’incidents antisémites au Canada depuis la création de son audit annuel dans les années 1980.
Dans une réaction publiée sur son site Web, le chef de la direction de B’nai Brith Canada, Michael Mostyn, a estimé que «les crimes haineux antisémites constituent un problème de plus en plus grave au Canada». Il a dit souhaité que les données de Statistique Canada puissent servir d’incitatif aux paliers gouvernementaux pour «s’attaquer au fléau persistant des crimes haineux».