Des représentants de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) ont déclaré que les relations avec les peuples des Premières Nations et les nouvelles mesures épiscopales en matière de prévention des abus sexuels font partie des sujets abordés avec le pape François la semaine dernière.
Mgr Lionel Gendron, évêque de Saint-Jean-Longueuil, président de la CECC, a déclaré au Catholic News Service, le 7 décembre, que chacun de ces problèmes est une préoccupation «qui lui tient à cœur».
Mgr Gendron a rencontré le pape au Vatican le 6 décembre, en compagnie de Mgr Richard Gagnon, archevêque de Winnipeg, vice-président de la CECC, et de Mgr Frank Leo, secrétaire général de la conférence épiscopale. Ils sont à Rome du 3 au 14 décembre dans le cadre d’un voyage annuel des représentants de la CECC pour rencontrer le pape et d’autres responsables du Vatican.
«Pas seulement un problème de clergé»
À la fin de leur session plénière annuelle en septembre, les évêques ont promis de mettre en œuvre un nouvel ensemble de directives traitant de la protection contre les abus sexuels. Les deux responsables de la conférence ont déclaré à CNS qu’elles avaient reçu les éloges du père jésuite Hans Zollner, l’un des principaux experts de l’Église en matière de prévention contre les abus et membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs.
Mgr Gagnon a déclaré que lors de leur rencontre avec le père Zollner le 7 décembre, le jésuite avait déclaré «aimer beaucoup la ressource que nous avons produite» et qu’elle a été «très bien accueillie».
Mgr Gendron a déclaré qu’il reviendra au Vatican en février pour participer au sommet convoqué par le pape François pour parler de la protection des mineurs et des personnes vulnérables.
«L’une des choses que le pape a mentionnées à propos [des abus] est que ce n’est pas seulement un problème de clergé, c’est la société», a déclaré Mgr Gendron au sujet de sa rencontre avec le pape le 6 décembre.
Mais, a ajouté l’évêque, l’Église est censée témoigner de l’Évangile dans le monde entier, et les abus envers les mineurs et les adultes vulnérables «ne sont pas l’Évangile».
Les évêques ont dit au pape qu’une survivante a pris la parole lors de leur assemblée plénière et avaient discuté de leur travail avec elle.
Mgr Gagnon a déclaré que le pape était «très reconnaissant de ce qui se passe et qu’il s’intéresse de manière très intense et très forte à cette question», ce qu’il a reconnu être un problème mondial.
«Vivre la joie de l’Évangile comme il le fait, il considère cela comme très important aujourd’hui, non seulement pour l’Église, mais pour la société», a déclaré l’archevêque.
«Nous voulons que l’Église soit l’endroit le plus sûr au monde, et c’est un moyen d’évangéliser notre monde à travers notre propre conversion», a déclaré Mgr Gendron.
Relations avec les Premières Nations
L’évêque a ajouté que la «question des peuples autochtones» du Canada constituait une autre préoccupation majeure que les deux dirigeants continuaient de partager avec le pape, y compris ce que les évêques tentaient de faire et «sont autorisés à faire dans notre société».
Les évêques ont organisé des «séances de partage» au cours desquelles trois évêques se sont assis avec une douzaine d’autochtones, «et cela a beaucoup aidé», a déclaré l’évêque Gendron.
«Une des choses qu’ils veulent est la même chose que la plupart des habitants de nos diocèses aimeraient: avoir leur évêque assis avec eux, les écouter et partager avec eux une ‘rencontre’, comme dirait le pape François», a-t-il dit.
Mgr Gagnon a déclaré qu’ils partageaient avec le pape les divers efforts que les évêques du Canada ont déployés au niveau local pour «construire des ponts».
La préoccupation des peuples autochtones «est une préoccupation majeure du pape. Dans le monde entier, il a noué des liens avec les divers peuples autochtones», les écoutant et leur «exprimant un message d’espoir dans l’Évangile», a renchéri Mgr Gagnon. «Il s’est rendu très accessible aux peuples autochtones des différents continents.»
Lors d’une visite en Bolivie en 2015, le pape François a présenté des excuses à tous les peuples autochtones des Amériques pour les abus subis.
En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada a invité le pape à visiter le Canada et à présenter des excuses officielles aux survivants autochtones, à leurs familles et à leurs communautés pour les abus subis dans les pensionnats gérés par les catholiques.
Au cours d’une visite au Vatican en 2017, le premier ministre canadien Justin Trudeau a demandé au pape François d’aider les Canadiens à «progresser sur la voie d’une véritable réconciliation» avec les peuples autochtones du pays «en présentant des excuses» au nom de l’Église catholique.
En tant que président de la conférence des évêques, Mgr Gendron a adressé une lettre aux peuples autochtones du Canada en mars dernier dans laquelle il déclarait que le pape François prenait au sérieux les conclusions de la commission, mais «estimait ne pas pouvoir répondre personnellement» ni se rendre au Canada.
«Mais il ne fermait pas les portes», a déclaré l’évêque.
«Il nous a dit que […] c’est d’abord notre responsabilité» de diriger les efforts de réconciliation et qu’il «ne veut pas tout centraliser», a déclaré Mgr Gendron. Il a ajouté que le pape apprécie vraiment d’entendre ce qu’ils font et les encourage dans leurs efforts.
«Il semble que le pape attend souvent un moment opportun pour se rendre dans un pays en particulier», a déclaré Mgr Gagnon. «Il pense probablement aussi au moment opportun pour venir au Canada, lorsque le terrain sera mûr et que les efforts de réconciliation se poursuivront.»
Carol Glatz
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