La laïque Colette Samson pourrait être canonisée. Le curé de Saint-Sauveur-Saint-Roch vient d’être nommé postulateur de la canonisation de Colette Samson, fondatrice de la Maison Revivre. Dans sa mission, l’abbé Jean Picher est accompagné de sœur Thérèse Cloutier, de la Congrégation de Notre-Dame.
Une célébration spéciale en l’honneur de Mme Samson (1923-1991) a officialisé le projet, le 8 février à l’église Saint-Sauveur de Québec. Le cardinal Gérald Lacroix, qui a bien connu la fondatrice de la Maison Revivre, a présidé la cérémonie.
Le postulateur doit recueillir des témoignages des gens qui ont connu Colette Samson, examiner ses écrits et envoyer le dossier à Rome, en vue de sa béatification et sa canonisation.
«Il existe de nombreux saints religieux, mais des saints laïcs, ça vaut la peine de les souligner, comme le ministère de miséricorde et de compassion qu’a eu Colette Samson envers les pauvres et les ex-détenus», a exprimé en entrevue le curé Jean Picher, qui se donne un an pour recueillir ces témoignages.
Appui de la Maison Revivre
«Je suis totalement en accord avec la béatification et la canonisation. Colette Samson était humble. Elle donnait de son temps avec amour», affirme Martin Maurice, directeur général de la Maison Revivre.
«C’est un très beau projet. J’ai connu Colette dans tout ce qu’elle était, avec son cœur débordant d’amour et de bienveillance», renchérit l’abbé Alain Pouliot, directeur du personnel au diocèse de Québec.
La mission de la Maison Revivre, fondée en 1977, s’est ensuite élargie. Au-delà de l’aide apportée aux ex-détenus et aux hommes vivant des problématiques de drogue et d’alcool, comme l’hébergement (29 places), l’organisme offre aussi du dépannage alimentaire aux femmes et aux familles. Mme Samsom a été nommée chevalière de l’Ordre national du Québec en 1987.
Un accueil inconditionnel
L’abbé Alain Pouliot a connu Mme Samson dans les années 1980, alors qu’il était jeune prêtre et membre du conseil d’administration de l’organisme. Tout a commencé avec une soirée de réflexion qu’il a animée, à l’invitation de Colette Samson. «C’était une soirée particulière. On a vu entrer un gars gelé dur qui criait. On a dû s’ajuster… On a jasé, puis j’ai donné la messe», raconte celui qui a officié pendant 12 ans les services religieux à la Maison Revivre.
Un autre soir, lors du réveillon de Noël, alors que Colette n’avait rien sous la main pour offrir un repas des Fêtes aux hommes de la maison, un traiteur est arrivé chargé de plats, à quelques heures du souper.
«Elle n’avait pas de grandes compétences de gestion, mais je crois réellement que la providence a agi pour que ça fonctionne. (…) Pendant mes premières années de ministère, j’ai vu à la Maison Revivre un accueil inconditionnel envers les ex-détenus qui n’avaient nulle part où aller. Elle recevait ces gars-là, peu importe leur état. Elle était comme une mère pour eux. Ça m’a permis d’être à l’écoute des pauvres, de leur apporter du bonheur au milieu de leur enfer… J’ai été beaucoup éduqué», confie-t-il.
Une philosophie de vie qui perdure
«On essaie de garder le plus possible la philosophie de vie de Mme Samson, soit d’accueillir les gars sans jugement. Des fois, ils font des rechutes et reviennent. On se demande si on est aidants. Mais comme disait Colette Samson: ‘Et si c’était la bonne?’ Son objectif était toujours d’aider les gars, de leur donner confiance en eux», raconte M. Maurice.
Le directeur général de la Maison Revivre souhaite ajouter d’autres ressources à celles déjà en place pour permettre aux hommes de s’en sortir le mieux possible. «On aimerait faire affaire aussi avec l’AutonHommie, un centre de ressources pour hommes à Limoilou», précise-t-il.
Des caisses de biscuits en dons
La Maison Revivre vit uniquement de dons, que ce soit pour la nourriture, le matériel ou de l’argent pour payer le chauffage. Même le bâtiment a été en quelque sorte donné. Des sœurs ont prêté à Mme Samson le montant sans intérêt pour acheter l’immeuble, qui a servi autrefois comme centre de recherche sur la tuberculose.
Côté alimentaire, Biscuits Leclerc est un partenaire de la première heure. «Alors qu’elle venait de fonder l’organisme, Colette Samson a reçu un appel de M. Leclerc, qui lui a offert gratuitement des biscuits. En la rencontrant, M. Leclerc a été surpris par sa grandeur d’âme et ses intentions. Il a alors décidé de lui donner des biscuits à volonté, tant et aussi longtemps que sa compagnie existe et que la Maison Revivre existe. On reçoit des caisses de biscuits, on n’en manque jamais», détaille M. Maurice.