«Quand ce sont des prêtres et des religieuses, on en parle plus à l’international. Mais c’est tous les jours que l’on kidnappe des gens en Haïti», lance Jean Roudy Denois. «Les gens ont actuellement peur de sortir de leur maison.»
Le vicaire général du diocèse de Saint-Jean-Longueuil connaît quelques-uns des sept religieux qui ont été enlevés le dimanche 11 avril à la Croix-des-Bouquets, en périphérie de Port-au-Prince, alors qu’ils se rendaient à l’installation du nouveau curé de la paroisse de Galette-Chambon dans la commune de Ganthier.
Quatre des religieux kidnappés sont membres de la Société des Prêtres de Saint-Jacques, la congrégation internationale à laquelle il appartient.
«Un confrère en Haïti m’a dit que la situation demeure toujours incertaine», dit-il, expliquant que les ravisseurs, qui seraient membres du gang «400 Mawozo», réclament le paiement d’une rançon d’un million de dollars pour la libération des cinq prêtres, des deux religieuses et des trois laïcs, membres de la famille du prêtre chez qui tout le groupe se rendait dimanche.
«Mais ils sont toujours entre les mains des bandits» qui se disputent, entre eux, afin de contrôler des territoires plus importants dans tout le pays.
Cette tragédie «n’est que le reflet de la situation inhumaine et désastreuse à plusieurs niveaux que traverse Haïti depuis plus d’une décennie», a réagi la Conférence religieuse canadienne (CRC) qui rappelle que «bon nombre de communautés religieuses d’ici ont œuvré et œuvrent encore dans ce pays».
«Depuis le tremblement de terre en 2010, le peuple haïtien voit chaque jour sa situation se dégrader», déplore la CRC qui, dans une lettre au premier ministre Justin Trudeau, a déploré à la mi-février «le régime dictatorial instauré par le président haïtien Jovenel Moïse».
«Nous dénonçons et condamnons de toutes nos forces la dictature du kidnapping qui s’installe dans le pays», ont réagi mercredi la Conférence épiscopale d’Haïti et la Conférence haïtienne des religieux. «Nous ne devons plus laisser les bandits kidnapper, violer, tuer.»
Les deux organismes, afin de «protester contre ces actes ignobles commis avec une fréquence quasi quotidienne sur la population» demandent à toutes les écoles et institutions catholiques «d’arrêter toutes leurs activités ce jeudi 15 avril 2021».
La Société des Prêtres de Saint Jacques compte 78 prêtres, présents en France, en Haïti, au Brésil et au Canada. Trois membres de cette communauté, dont le père Jean Roudy Denois, œuvrent dans le diocèse de Saint-Jean-Longueuil.
***