Les ONG catholiques utilisent diverses techniques de soutien, y compris un clown et des marionnettes, pour aider les enfants de la bande de Gaza à vaincre le traumatisme causé par le décès d’êtres chers et la perte de leur maison depuis le cessez-le-feu qui a mis fin au conflit il y a un an. Elles répètent toutefois que seule une solution politique pourra venir à bout d’une situation de plus en plus désespérée.
« Presque tout ce que nous faisons en tant qu’ONG – et la plupart de mes pairs diraient la même chose – consiste à mettre un diachylon sur une très grave blessure », dit Matthew McGarry, le représentant de Catholic News Service (CNR) pour Jérusalem, la Cisjordanie et Gaza.
M. McGarry et d’autres responsables soutiennent que le conflit opposant Israël au Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a créé de toute pièce une crise humanitaire et psychologique que seule la politique peut régler.
« Ça se cumule. Des enfants à peine âgés de 7 ans ont vécu trois guerres au cours des sept dernières années – toute leur existence, quoi », illustre M. McGarry au sujet des impacts psychologiques des multiples guerres sur les plus jeunes résidents de Gaza.
L’ONU estime qu’au moins 370 000 enfants de Gaza ont besoin de soutien psychosocial dans la foulée de la guerre de l’été dernier qui a coûté la vie à plus de 2250 Palestiniens, dont 65% de civils. Avant le cessez-le-feu du 26 août 2014, 66 soldats israéliens et 6 civils avaient aussi été tués.
Mais les responsables d’ONG catholiques qui évaluent régulièrement les besoins sur le terrain jugent conservatrices les estimations de l’ONU. M. McGarry et Sami El-Youssef, le directeur régional pour la Palestine et Israël de la Catholic Near East Welfare Association (CNEWA), affirment que tout le monde sur ce territoire ravagé par la guerre est traumatisé et a besoin de soutien psychosocial.
Cependant, ce sont les plus jeunes qui semblent subir les conséquences les plus dures et durables du conflit de sept semaines, selon l’organisation britannique Save the Children.
Trois-quarts des enfants gazaouis mouillent leur lit de manière inhabituelle, tandis que 89% des parents disent que leurs enfants souffrent constamment de la peur, a démontré une étude publiée par l’organisation en juillet.
Plus de 70% des enfants craignent qu’une autre guerre n’éclate. Le même pourcentage éprouve des cauchemars réguliers.
Au cours de la dernière année, CRS, CNEWA et Caritas Internationalis – dont fait également partie l’ONG canadienne Développement et Paix – ont travaillé avec des partenaires locaux pour endiguer ces problèmes.
« Le programme que nous avons conçu vise principalement les enfants, mais pas exclusivement », dit M. El-Yousef. Le soutien psychosocial de CNEWA est devenu le plus grand programme d’aide post-conflit à Gaza, venant en aide à plus de 20 000 personnes dans 30 écoles et espaces communautaires.
« Il comprend des activités récréatives. Mais certains avaient besoin d’un suivi psychosocial serré avec des conseillers spécialisés, y compris le transfert vers des institutions compétentes pour composer les cas sévères de manière individuelle que nous détections durant les interventions », dit M. El-Yousef.
Une combinaison de sessions individuelles ou en groupe comprenant des marionnettes, des jeux et de la thérapie par l’art commence à montrer des signes encourageants d’atténuation du traumatisme.
« Je discutais l’autre jour avec une mère dont la fille de 10 ans qui mouille son lit tous les soirs doit prendre des médicaments contre l’anxiété », explique M. McGarry. La fille a intégré l’un des 17 espaces pour enfants mis en place par CRS dans les villes les plus touchées par les bombardements. Les enfants y dessinent, peignent, jouent et parlent de leurs émotions.
Bien qu’elle mouille encore son lit de temps en temps, ce n’est plus quotidien, a confié la mère à M. McGarry. Les médecins ont aussi diminué la dose de médicaments puisqu’elle « fait clairement des progrès ».
Le représentant de CRS évoque aussi le cas d’un garçon de 12 ans qui était violent et très agressif à la maison.
« Il a fallu le convaincre un peu pour venir à l’espace pour les enfants et ne participait pas au début. Mais après un moment, il est devenu plus actif », indique McGarry. « Sa mère dit qu’il est maintenant plus doux et moins hostile avec ses frères et sœurs. C’est ce que l’on recherche. »
CRS s’est mis à utiliser les marionnettes à Gaza pour encourager les enfants à exprimer leurs émotions, composer avec le traumatisme et adopter des pratiques de résolutions de conflit non-violentes.
Jusqu’ici, 3000 enfants ont participé à ces programmes, et davantage d’occasions de le faire s’offriront à eux au cours de la prochaine année.
Caritas Jérusalem étend son aide au-delà des visites de personnel formé en psychologie aux familles et aux écoles. Depuis juillet et jusqu’au mois d’octobre, Marco Rodari, un clown thérapeute italien, aide à panser les plaies à Gaza.
Habitué à travailler avec des enfants malades ou traumatisés, M. Rodari a créé un programme spécial pour les enfants de Gaza. D’abord, il développe une relation avec les enfants grâce à l’humour et la magie. Ensuite, ils deviennent eux-mêmes les clowns et les magiciens. Enfin, le troisième volet consiste à mettre en place une « véritable école de magie » pour les enfants.
M. Rodari a expliqué à Caritas que cette thérapie permet aux enfants traumatisés d’oublier un instant les horreurs vécues, de ressentir des émotions joyeuses et de sourire à nouveau.
Les représentations font ressortir les émotions des enfants, tandis que la réalisation de tours de magie simples les amène à utiliser différentes parties de leur corps en même temps, activant ainsi diverses parties de leur cerveau. Le clown italien fait valoir que cela facilite la guérison psychologique et aide à remplacer les « mauvais souvenirs et sentiments par des pensées joyeuses et des sentiments positifs ».
Dale Gavlak, Catholic News Service
Trad. et adap. Présence – information religieuse