Jean Ménard, un prêtre missionnaire qui a travaillé en pastorale ouvrière en Amérique latine ainsi qu’au Québec, est décédé à Laval, le dimanche 26 janvier 2020, à l’âge de 91 ans.
Ordonné prêtre le 4 juillet 1954 auprès de la Société des Missions-Étrangères, il fut missionnaire à Cuba (1959-1961), au Chili (1962-73) et au Nicaragua (1981-82), dans des périodes où ces pays connaissent d’intenses bouleversements politiques.
De retour au Québec, il s’est engagé dans des groupes de solidarité internationale, notamment au Centre international de solidarité ouvrière (CISO), à Solidarité Québec-Amérique latine (SQAL), à L’Entraide missionnaire et à Développement et Paix.
Animateur réputé de sessions de formation en analyse sociale, il travailla aussi au Centre de pastorale en milieu ouvrier (CPMO) ainsi qu’à l’OPDS, un organisme qui regroupe des personnes assistées sociales.
«Jean, c’est un homme d’exception», n’hésite pas à dire Sylvie Bonin, aujourd’hui coordonnatrice à l’ACEF-Estrie.
Dans la jeune vingtaine à la fin des années 1980, elle a participé à la fondation de la communauté de base Au pied du courant, dans le quartier Centre-Sud de Montréal. Jean Ménard, de 40 ans son aîné – «très exactement 40 ans, nous sommes nés le même jour» – faisait aussi partie du noyau fondateur.
«Jean avait déjà pas mal bourlingué et il avait beaucoup d’expérience. Mais c’était un homme de grande écoute, très intéressé par les plus jeunes générations et leurs perceptions du monde. Il avait un grand sens communautaire. Avec lui, on avait toujours de bonnes discussions.»
«Il ne prenait pas tout le plancher et nos réflexions lui permettaient de renouveler ses propres analyses et ses perceptions de la société», dit Sylvie Bonin.
Le Chili au cœur
Édouard-René Morin, membre lui aussi de la Société des Missions -Étrangères, était au Chili en même temps que son confrère, un missionnaire «très articulé qui aura marqué l’histoire de l’Église chilienne».
«Il est arrivé au Chili en 1962. Il travaillait en pastorale ouvrière dans le diocèse de Temuco et c’est lui qui a organisé le tout premier synode diocésain du pays, peut-être même de toute l’Amérique latine. On souhaitait mettre en pratique les grandes décisions du concile Vatican II», rappelle l’abbé Morin.
«Ce synode aura été un moment phare, tant pour l’Église chilienne que pour lui», dit l’abbé Morin.
«Nerveux et inquiet, Jean a quitté le Chili avant le coup d’État du 11 septembre 1973. Moi, j’ai pu partir le 25 ou le 26 septembre, dans le tout premier avion autorisé à quitter le pays», ajoute son confrère.
Le conseiller syndical Yves La Neuville, un grand ami de Jean Ménard, s’en souvient comme si c’était hier. «Jean, ma conjointe Jeannette Pomerleau et moi, on a quitté ensemble le Chili. On avait été invités par Développement et Paix à effectuer une tournée durant le carême de 1973.»
«Après la campagne, Jean est demeuré au Québec, nous sommes retournés au Chili… jusqu’au coup d’État. Les militaires nous ont sorti de l’usine où je travaillais et nous avons pu nous réfugier à l’ambassade du Canada», rappelle celui qui était arrivé au Chili, douze ans plus tôt, en tant que missionnaire oblat.
De retour au Québec, Jean Ménard et lui se sont revus régulièrement, notamment dans des réunions d’organismes de solidarité internationale.
«Jean était un intellectuel, qui avait un grand sens pédagogique et qui a toujours été proche des gens. Cela explique qu’il était un grand ami de Michel Chartrand, qu’on avait tous deux rencontré au Chili à la fin de 1972 et au début de 1973», rappelle M. La Neuville.
Quiconque entrait dans la chambre qu’occupait Jean Ménard ces dernières années ne pouvait qu’apercevoir cette photo du missionnaire et du syndicaliste.
Les funérailles de Jean Ménard seront célébrées le vendredi 7 février à la Maison centrale de la Société des Missions-Étrangères.
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