Une autre grande figure du catholicisme social québécois vient de s’éteindre. Le syndicaliste Joseph Giguère, premier directeur général laïque du Centre St-Pierre de Montréal, est décédé le mardi 23 juin 2020.
«Joseph Giguère était un syndicaliste combatif et rassembleur», ont écrit ses ex-collègues du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches, alors appelé le Conseil central des syndicats nationaux de Québec, en lui rendant hommage.
Ils ajoutent que ce militant venu des rangs de l’Action catholique ouvrière a initié une formule de mobilisation originale, imitée ensuite par d’autres regroupements. «Lorsque plusieurs syndicats sont en conflit simultanément, le conseil central, que préside à cette époque Joseph Giguère, les réunit dans un comité de solidarité pour augmenter leur rapport de force. Tout le monde se déplace alors ensemble pour faire un piquetage massif devant l’entreprise.»
«Féminisme, écologie, groupes populaires, solidarité internationale, Joseph Giguère était solidaire de tous les combats», écrit-on aussi. À son départ de la CSN, Joseph Giguère ainsi que sa conjointe Marie-Claire Nadeau travailleront au Pérou, en coopération internationale. C’est en 1992 qu’il deviendra directeur général du Centre St-Pierre, un centre d’éducation populaire fondé en 1973 et longtemps dirigé par les Missionnaires oblats de Marie-Immaculée.
«Joseph occupe et continuera d’occuper une place bien vivante dans nos cœurs et nos esprits», indique Charles Fillion, actuel directeur général du Centre St-Pierre. Il sera le premier laïc à occuper cette fonction, succédant à l’oblat Roger Poirier, ancien aumônier national de la JOC.
«Je suis entré aujourd’hui au Centre St-Pierre en levant les yeux vers le ciel, pour le remercier. D’ailleurs, il n’y a pas une journée que je passe au CSP sans penser à lui», ajoute Charles Fillion.
Actuel provincial des Missionnaires oblats de Marie-Immaculée, Luc Tardif a rappelé que, plus jeune, Joseph Giguère a aussi été un missionnaire oblat. «Mais l’Esprit l’a appelé ailleurs. Il a fondé sa propre famille et poursuivi la mission autrement.»
Mais, ajoute-t-il, «nous avons tous bu à la même source, celle d’une conscience citoyenne, d’une option communautaire, d’une option préférentielle pour les plus vulnérables, de l’importance des gestes et des capacités de leadership de chaque personne. Joseph a été profondément religieux, au sens le plus radical du terme: un homme relié avec humanité et compassion à tout ce qui vit et bouge. Jusqu’au bout, il a vécu la mission avec vision et passion.»
Aphasique depuis 2010 après un AVC, ce revers de santé n’a pas empêché Joseph Giguère de continuer à militer, notamment au sein de l’Association québécoise des personnes aphasiques, un regroupement que préside depuis 2015 sa conjointe.
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