Prédicateur recherché et auteur prolifique, l’abbé Gérard Marier est décédé le vendredi 8 mars 2019 à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska de Victoriaville. Il était âgé de 89 ans. Suivi pour des problèmes cardiaques et en attente d’une opération, il a été terrassé vendredi par un AVC.
Prêtre du diocèse de Nicolet, l’abbé Marier a fondé en 1971 la Communauté du Désert, la plus ancienne des communautés nouvelles toujours présentes au Québec.
Cette communauté qui accueille des hommes et des femmes, qui sont mariés, célibataires ou consacrés «n’est toujours pas officiellement reconnue comme une communauté catholique», précise Marie-Josée Roux, coresponsable de la communauté, en soulignant le caractère avant-gardiste de son fondateur.
«Gérard était un éducateur d’une grande culture. C’était un homme très chaleureux qui accordait de l’importance à toutes les personnes qu’il rencontrait, et notamment les plus pauvres», dit-elle.
Elle raconte qu’à la maison de la Communauté du Désert de Victoriaville, on accueille des individus qui ont fait une ou plusieurs thérapies en raisons de problèmes de dépendances (alcool, drogue, etc.). «Ces gens étaient les chouchous de Gérard, ses préférés. Personne n’était en avant d’eux dans son cœur», dit Mme Roux qui fait partie de la communauté depuis plus de vingt ans.
Auteurs de plusieurs ouvrages de spiritualité dont Les Évangiles lus autrement (Médiaspaul, 2013), Gérard Marier travaillait à un nouveau livre sur le bonheur, confie Marie-Josée Roux. «On va certainement le publier», dit-elle, rappelant que l’abbé Marier était aussi présent dans les médias électroniques. Son nom paraît encore aujourd’hui dans la programmation de Radio VM et de la Télévision communautaire de Bois-Francs.
Il avait le don de déranger
«Gérard avait le don de déranger. Ses prises de position sur les femmes et les personnes homosexuelles étaient embêtantes pour certains. Il n’était pas toujours de l’avis de l’Église», reconnaît madame Roux.
En 2013, lors de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie, Gérard Marier avait rédigé une lettre ouverte intitulée «L’étonnante confusion de l’Église».
«Depuis quelques années, timidement, vous êtes sortis, comme on dit, du placard», écrivait-il aux personnes homosexuelles. «Mais vous ne devez rien à l’Église.»
«Au contraire, ses chefs ont tout mis en œuvre pour bloquer la reconnaissance de votre orientation sexuelle. S’ils ont toujours eu beaucoup de respect pour vos personnes, s’ils ont toujours défendu votre dignité d’enfants de Dieu, l’Église a, avec non moins de constance, condamné l’homosexualité dont l’exercice, selon elle, est intrinsèquement mauvais, parce qu’il serait une perversion de la nature. L’une des conséquences de cette doctrine est l’exclusion des couples homosexuels de la table eucharistique», déplorait-il.
«Je ne l’ai jamais vu regretter ses prises de position», dit Marie-Josée Roux. «Sans regrets pour les vagues qu’il créait, il avait néanmoins toujours peur de blesser des gens avec son franc-parler ou encore il craignait de retourner des gens contre l’Église.»
«Ces dernières semaines, sa plus grande peine était liée à la question des prêtres pédophiles. C’était une source de grande tristesse et d’une immense souffrance. L’état de l’Église du Québec était aussi, pour lui, une source de questionnements constants.»
Les funérailles de l’abbé Gérard Marier seront célébrées à l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Victoriaville le samedi 16 mars 2019. C’est Mgr André Gazaille, évêque de Nicolet, qui présidera la cérémonie.
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