Recteur de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal durant 30 ans, le père Marcel Lalonde, de la Congrégation de Sainte-Croix, est décédé le 26 mai 2020, à l’âge de 93 ans, à la Maison Basile-Moreau de Montréal. Il était affligé, depuis plusieurs années, d’une maladie neurologique.
«Dans le père Lalonde, on reconnaît un des grands bâtisseurs de l’Oratoire Saint-Joseph», dit son confrère Jean-Pierre Aumont, qui a lui aussi été recteur.
«Pendant trente ans, le père Marcel Lalonde a mis au service de l’Oratoire ses dons remarquables de pasteur, de leader et d’administrateur, se donnant entièrement à la tâche, avec un zèle infatigable», a indiqué l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal dans un communiqué émis lors du décès du religieux.
C’est le 15 août 1962 «qu’il a été nommé recteur, dans un Québec en pleine Révolution tranquille. En même temps, à Rome, on préparait le concile Vatican II», rappelle son confrère qui a travaillé à ses côtés comme responsable de la pastorale.
Le père Lalonde n’avait que 36 ans lorsqu’il est devenu recteur de l’Oratoire Saint-Joseph. «Comme nouveau supérieur, je viens servir avec joie», avait-il déclaré à son arrivée. «Il voulait se solidariser avec les nombreux amis de saint Joseph et du frère André et se dévouer, comme eux, au service des pauvres, des malades et des affligés», dit le père Aumont.
Si le père Lalonde a toujours cherché à «demeurer fidèle à l’héritage du frère André», il s’est adapté à «l’Église en transformation», ajoute-t-il. Après le concile, c’est lui qui a veillé à terminer l’aménagement intérieur de la basilique et à refaire la crypte «afin de se conformer aux nouvelles normes de la liturgie».
Le père Lalonde a consacré «toutes ses énergies à faire mieux connaître le frère André et à parachever son œuvre sur le Mont-Royal», insiste le père Aumont. Il explique que dès le début de son mandat, Marcel Lalonde a regroupé des religieux, des laïcs et aussi des gens d’affaires afin que tous participent «à la grande mission du sanctuaire». L’homme d’affaires Roger D. Landry, ex-président de La Presse, l’a particulièrement aidé «à moderniser la gestion» de l’Oratoire.
La journaliste et historienne Denise Robillard raconte que le 27 janvier 1967, «30 ans après la mort du frère André», le père Lalonde s’est permis d’envoyer une lettre au pape Paul VI pour lui réclamer sa béatification.
Il a joint à sa lettre une biographie du portier du collège Notre-Dame ainsi que trois disques enregistrés à l’Oratoire par l’organiste Raymond Daveluy et les Petits Chanteurs du Mont-Royal, écrit-elle dans le livre Les merveilles de l’Oratoire (Fides, 2005). Plus tard, durant cette même année, il se rendit même à Rome afin de remettre les documents pertinents aux autorités du Vatican. Le frère André fut béatifié le 23 mai 1982, un moment marquant du rectorat du père Lalonde.
Dix années plus tard, il quitta ses fonctions de recteur. Lors d’une cérémonie de reconnaissance, on a pris soin de «graver son nom sur une pierre de granit d’un des transepts de la basilique». En 1992, il a aussi été fait membre de l’Ordre du Canada.
La vie du père Marcel Lalonde a été entièrement consacrée à l’Oratoire, reconnaît le père Jean-Pierre Aumont.
«Cet homme n’a pratiquement jamais pris de jour de congé ou des vacances prolongées. On pouvait le croiser de jour et de soir. On disait même qu’il était le gardien de l’Oratoire parce que, quotidiennement, il effectuait une tournée pour s’assurer que tout y était en ordre.»
«Dans le contexte actuel de distanciation physique, les prières communautaires et la présentation de condoléances ne pourront pas se tenir», avertit la congrégation religieuse. La dépouille du père Marcel Lalonde sera incinérée et «une célébration de sa vie aura lieu à l’Oratoire Saint-Joseph dès que les rassemblements seront de nouveau autorisés.»
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