Ugo Benfante, le premier prêtre-ouvrier du Québec, est décédé le 15 janvier 2021, trois jours après avoir reçu un diagnostic de COVID-19. Il était âgé de 85 ans.
Membre de la congrégation des Fils de la Charité, Ugo Benfante est né en Belgique. Entré au noviciat à Paris, il sera toutefois ordonné prêtre au Québec en 1961. Il deviendra aumônier auprès de la Jeunesse ouvrière catholique (JOC) et du Mouvement des travailleurs chrétiens (MTC).
C’est en 1965 qu’il s’établit à Pointe-Saint-Charles, un quartier défavorisé de Montréal. «Ugo avait l’habitude de dire que ce furent les plus belles années de sa vie», raconte son confrère Michel Gauvreau qui a rédigé sa notice biographique.
La petite communauté des Fils de la Charité, spécialisée dans l’évangélisation des milieux populaires, se voit alors confier la responsabilité d’une paroisse mais elle cherche, par des gestes plus que par des paroles, à se rapprocher le plus possible de la population pauvre ainsi que des ouvriers qui travaillaient dans les nombreuses usines qui longeaient le canal Lachine, confie le père Gauvreau.
Les religieux prennent aussi la décision de quitter «le riche et confortable presbytère de la paroisse Saint-Jean-l’Évangéliste pour aller vivre dans un logement du quartier, comme tout le monde». Puis, comme tous ses voisins, le père Ugo Benfante se met à la recherche d’un emploi. Il sera engagé par la Simmons Bed, une manufacture de matelas présente à Saint-Henri, le quartier voisin. Rassembleur, il sera élu président du Local 402 de l’Union internationale des rembourreurs, un syndicat affilié à la FTQ.
En 1977, alors que s’ouvrent les portes, à la Place Bonaventure de Montréal, du Salon du meuble, le religieux syndicaliste déplore publiquement que «ce Salon n’expose qu’une partie de la réalité».
«Derrière cette exposition se cachent l’insécurité et souvent l’exploitation de milliers de travailleurs», déclare-t-il au journaliste Pierre Vennat de La Presse.
En 1983, Ugo Benfante sera élu vicaire général de l’Institut des Fils de la Charité et résidera en France durant six ans. Au terme de son mandat, il revient au Québec et habite dans le quartier Villeray où il s’engage dans différents comités de citoyens.
Le député de Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla, s’est dit fort peiné d’apprendre le décès de cette «grande personnalité de Villeray». Il a rappelé que ce «curé ouvrier» a participé «au squat de l’édifice situé au 660, Villeray, qui est devenu aujourd’hui un centre d’action communautaire». Il a aussi fondé le Comptoir alimentaire Villeray, situé au sous-sol de l’église Notre-Dame-du-Rosaire «et tant d’autres choses», a-t-il écrit dans sa page Facebook.
«C’est un bien mauvais moment pour tenir les funérailles d’un tel personnage», dit le député membre de Québec solidaire en référence à la limite de 25 personnes pour les funérailles. «Qu’à cela ne tienne, ses amis se rencontreront sous peu pour imaginer un geste à la hauteur de la contribution et de la personne d’Ugo», promet-il.
Atteint depuis quelques années de la maladie de Parkinson, Ugo Benfante vivait au CHSLD des Habitations Angus. Quelques jours après avoir été vacciné contre la COVID-19, «on a reçu un appel téléphonique du CHSLD nous disant qu’il venait d’être testé positif», dit le père Michel Gauvreau. «Ce fut foudroyant. Trois jours plus tard, il était décédé.»
Les funérailles du père Ugo Benfante auront lieu plus tard au printemps. Il ne reste aujourd’hui plus que deux Fils de la Charité au Québec, les pères Claude Julien et Michel Gauvreau.
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