Le cabinet d’avocats Kugler Kandestin a déposé le 17 novembre 2017 une requête en Cour supérieure pour que soit autorisé un recours collectif contre l’Ordre des Servites de Marie, une congrégation religieuse présente au Québec depuis plus de 100 ans et qui a dirigé, de 1948 à 2007, le Collège Notre-Dame-des-Servites d’Ayer’s Cliff en Estrie.
Les avocats représentent X, un homme aujourd’hui âgé de 57 ans, qui prétend qu’«entre l’âge de 12 et 14 ans», alors qu’il était pensionnaire au collège d’Ayer’s Cliff, il aurait été «agressé sexuellement de manière systématique par le père Jacques Desgrandchamps», membre de l’Ordre des Servites de Marie.
Professeur d’histoire, de géographie, d’anglais et de français au collège dès 1967, le père Desgrandchamps aurait invité le jeune homme à sa chambre située dans «l’aile des pères», un endroit strictement interdit aux élèves, précise la requête. Le religieux lui aurait donné à boire de l’alcool. Un soir, prétextant qu’il était trop tard pour retourner au dortoir des élèves, il l’aurait invité à dormir dans sa chambre et se serait «couché à côté de lui».
«À partir de ce moment, le père Desgrandchamps a commencé à agresser sexuellement le requérant plusieurs fois par semaine», allègue la requête.
On indique aussi que chaque fois que X était agressé dans la chambre du religieux, il croisait dans l’aile réservée aux prêtres d’autres membres des Servites de Marie «qui n’ont rien fait pour le protéger» et ne «l’ont jamais questionné sur ses multiples rendez-vous». Les noms du prieur et du directeur provincial de la congrégation sont notamment cités dans la requête déposée en Cour supérieure.
La présumée victime et ses avocats croient que d’autres élèves ont été victimes d’agressions de la part de ce religieux ou encore d’autres membres de la congrégation. La requête réclame pour X une somme de près de 2 M$ en dommages-intérêts punitifs et exemplaires.
Les avocats souhaitent que ce recours collectif soit autorisé au nom de «toute personne agressée sexuellement par un religieux membre de la communauté religieuse les Servites de Marie, alors qu’elle était élève, invitée ou candidate à l’admission et au recrutement au Collège Notre-Dame des Servites».
Réaction de l’archidiocèse d’Ottawa
Toujours vivant, Jacques Desgrandchamps a fait du ministère dans différentes paroisses de l’archidiocèse de Sherbrooke, avant d’être nommé animateur de pastorale au Collège Saint-Joseph de Hull, une institution secondaire privée pour jeunes filles.
Il réside maintenant dans la paroisse italo-anglophone Saint-Antoine-de-Padoue d’Ottawa, une paroisse confiée aux Servites de Marie par l’archevêque d’Ottawa.
Mgr Terrence Prendergast s’est dit «attristé par la nouvelle des allégations au sujet d’un prêtre servite résidant à Ottawa».
«Tenant compte de l’information disponible à ce moment-ci et en attente de précisions à venir, Mgr Prendergast a suspendu le prêtre en question de l’exercice de tout ministère dans notre archidiocèse», a expliqué Gilles Ouellette, responsable diocésain des communications.
Communauté consternée
C’est par les médias que la Province canadienne de l’Ordre des Servites de Marie a appris «qu’elle était visée par une requête de recours collectif, pour des événements visant un des religieux membres de l’Ordre et qui seraient survenus au cours des années 1970», ont indiqué les responsables de l’Ordre.
Consternés par la nouvelle, les responsables disent qu’ils traitent «cette affaire avec la plus grande attention et condamnent tout comportement abusif de nature physique, psychologique ou sexuelle».
Les dirigeants de la Province canadienne ont «immédiatement suspendu de ses fonctions le religieux visé par la requête».
Il y a actuellement 35 frères qui sont membre de l’Ordre des Servites de Marie au Canada.