Le Pont, un lieu d’accueil pour les demandeurs d’asile qui est appuyé par l’archidiocèse de Montréal, vient de mettre la touche finale à un nouveau guide détaillé visant à aider ses résidents à y voir clair dans le dédale administratif.
«Ludique et facile.» Arthur Durieux, gestionnaire du centre d’accueil Le Pont, explique que ce sont les mots d’ordre retenus pour l’élaboration de ce guide.
Les demandeurs d’asile avaient déjà accès à plusieurs documents pour les aider à mettre en place leur nouvelle vie au Canada, mais ceux-ci sont souvent hétéroclites, mélangeants, voire dépassés.
Le Pont a donc regroupé dans ce guide les informations les plus cruciales pour les demandeurs et soigné la mise en page afin de le rendre attrayant et convivial.
Le guide compte une cinquantaine de pages organisées autour de huit grands thèmes: les banques alimentaires et les bazars, l’aide juridique, le logement, la santé et les services sociaux, la recherche d’emploi et l’assurance sociale, l’éducation, la francisation et les cours d’anglais, et la famille et l’enfance. À cela s’ajoute une liste à cocher des étapes à suivre afin d’y voir clair, des fiches-outils complémentaires et un répertoire des ressources qui se trouvent à proximité du Pont, c’est-à-dire dans les quartiers de Mercier-Ouest et d’Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.
Pendant la rédaction du guide, les sections étaient soumises aux résidents du Pont pour s’assurer de leur justesse et de leur pertinence. C’est ainsi qu’avant même d’être publié, le guide avait fait l’objet de mises à jour substantielles.
Arthur Durieux précise que depuis l’ouverture du centre en 2017, pas moins de 234 demandeurs d’asile y sont passés. Au début, ces derniers venaient souvent de pays africains. Mais depuis quelques mois, on y observe une recrudescence de demandeurs d’Amérique latine, dont le Mexique et le Venezuela. Pour accommoder des résidents qui ne parlent pas nécessairement français à leur arrivée en sol québécois, une version anglophone du guide vient aussi d’être terminée tandis qu’une version hispanophone est en préparation.
«Ce guide, il est voué à être mise à jour et refait, changé. Nous voulons que ce soit un outil vivant qui ne reste pas figé. Il faut notamment tenir compte de la vie des organismes et des prix qui changent», dit M. Durieux.
Le problème des garderies
Le Pont profite de son nouveau guide pour dénoncer le fait que les demandeurs d’asile n’ont pas accès aux garderies subventionnées. Le guide n’a même pas de chapitre sur les garderies, puisque les demandeurs n’y ont pas droit.
«Le plus gros problème demeure le non-accès aux garderies subventionnées, déplore M. Durieux. Ce sont des centaines de femmes qui ne peuvent aller travailler en raison de cette situation. C’est une de nos plus grosses revendications.»
Le centre accueille plusieurs familles et femmes monoparentales qui, selon M. Durieux, «cherchent à se défaire de l’aide sociale».
«On essaye de lutter contre les stéréotypes. Ces gens ne viennent pas ici pour se faire vivre sur l’aide sociale, croyez-moi. L’aide sociale, c’est le rêve de personne. Je peux vous garantir que tout le monde a envie de travailler», assure-t-il en insistant pour dire que toutes les personnes qui résident au Pont sont présentes légalement en sol canadien.
Pour contrer ce problème, Le Pont a développé un programme appelé «les petits ponts» qui prévoit des sorties, des lectures, des jeux et des activités pour occuper les enfants du centre et donner un peu de répit aux parents.
L’esprit du Pont
Dès le début de la création du guide, Le Pont a souhaité en faire un outil à partager. Il se dit prêt à ce qu’il puisse être utilisé par d’autres organismes. L’été dernier, Arthur Durieux et son équipe ont fait le tour des autres organismes à proximité afin de les rencontrer et d’établir des liens.
Selon Alessandra Santopadre, responsable du programme de parrainage des réfugiés et des demandeurs d’asile de l’archidiocèse de Montréal, le centre incarne les grandes valeurs catholiques d’accueil, de respect et de protection des plus vulnérables.
Elle précise que l’archidiocèse n’a pas eu à approuver le contenu du nouveau guide.
«C’est un outil technique qui n’a pas d’aspect catholique. Mais l’esprit du Pont a des valeurs inspirées surtout du message du pape François pour les migrants et les réfugiés: accueillir, intégrer, promouvoir et protéger», dit-elle.
Elle rappelle que c’est en grande partie en raison des nombreuses demandes d’aide qui arrivaient à l’archidiocèse que l’Église de Montréal a voulu s’impliquer dans ce projet pour les demandeurs d’asile.
«Nous travaillons toujours cet esprit dans les relations concrètes», explique-t-elle.
Situé dans le presbytère de Notre-Dame-des-Victoires, à Montréal, Le Pont s’attend à recevoir environ 200 personnes en 2019. La durée moyenne des séjours est de 40 jours.
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