Le pape François a accepté la démission de l’archevêque Philip Wilson, qui avait été reconnu coupable par un tribunal australien d’avoir omis d’informer la police d’allégations d’abus sexuels sur des enfants.
Le Vatican en a fait l’annonce le 30 juillet.
L’archevêque d’Adélaïde a été condamné à 12 mois d’assignation à résidence par la Lower Court de Newcastle le 3 juillet avec une autre audience fixée au 14 août pour évaluer le lieu de sa détention à domicile.
L’archevêque a été condamné en mai pour ne pas avoir rapporté les allégations d’abus sexuels contre des enfants par un prêtre dans les années 1970. Il a quitté ses fonctions à la tête de l’archidiocèse d’Adélaïde le 25 mai, mais a conservé son titre d’archevêque.
Mgr Wilson avait fait la sourde oreille aux appels à la démission et avait déclaré le 4 juillet qu’il ne démissionnerait que si l’appel de sa condamnation était rejeté.
Cependant, «il y a juste trop de douleur et de détresse causées par le maintien de mon poste d’archevêque d’Adélaïde, en particulier chez les victimes du père [James] Fletcher», a-t-il déclaré dans un communiqué publié le 30 juillet.
«Je dois y mettre un terme et j’ai donc décidé que ma démission est la seule mesure appropriée à prendre dans les circonstances», a-t-il indiqué.
Mgr Wilson a dit que le pape ne lui avait pas demandé de démissionner, mais il a soumis sa démission au pape le 20 juillet «parce que je suis de plus en plus inquiet du niveau de souffrance que ma récente condamnation a causé au sein de la communauté».
L’archevêque a dit espérer que sa décision sera un «catalyseur pour guérir la douleur et la détresse» et permettre à tous les membres de l’archidiocèse, y compris aux victimes du père Fletcher, de «surmonter cette période difficile».
Abus d’un adolescent de 15 ans
Le tribunal de Newcastle a reconnu qu’en 1976, un garçon de 15 ans avait dit au père Wilson qu’il avait été agressé par un prêtre, mais que le père Wilson avait choisi de ne pas aller voir les autorités, même s’il croyait qu’il disait vrai. Le père Fletcher, le prêtre abuseur, a été reconnu coupable en 2004 de neuf chefs d’accusation d’abus sexuels sur des enfants et est décédé en 2016 alors qu’il était toujours en prison.
Mgr Wilson, qui dirigeait l’archidiocèse d’Adélaïde depuis 2001, est le plus haut dignitaire de l’Église à avoir été reconnu coupable d’avoir dissimulé de tels abus. On lui a récemment diagnostiqué la maladie d’Alzheimer. Tout au long de l’audience du magistrat, il a témoigné qu’il n’avait aucun souvenir de la conversation avec le jeune homme de 15 ans.
L’archevêque Mark Coleridge, président de la Conférence des évêques catholiques australiens, a déclaré que «tandis que le processus judiciaire se poursuivra, la démission de l’archevêque Wilson est le chapitre suivant d’une histoire déchirante de personnes qui ont été abusées sexuellement par Jim Fletcher et dont la vie a été changée à jamais».
«Cette décision peut les réconforter, malgré la douleur continue qu’ils supportent», a-t-il déclaré dans un communiqué publié le 30 juillet.
«Mgr Wilson a été salué par beaucoup pour son travail de soutien aux victimes et aux survivants d’abus sexuels d’enfants en tant qu’évêque de Wollongong, archevêque d’Adélaïde et président de la conférence des évêques», a écrit Mgr Coleridge.
Toutefois, a-t-il dit, Mgr Wilson a décidé «que sa condamnation signifie qu’il ne peut plus continuer en tant qu’archevêque parce que cela continuerait à causer de la douleur et de la détresse à plusieurs, notamment aux survivants et à l’archidiocèse d’Adélaïde».
Prochaines étapes
Pendant ce temps, la Conférence des évêques catholiques australiens a annoncé le 26 juillet qu’elle tiendrait une réunion spéciale les 2 et 3 août à Melbourne pour accélérer la réponse officielle de l’Église catholique à la Commission royale sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels d’enfants.
Mgr Coleridge a indiqué dans un communiqué qu’ils avaient reçu des conseils supplémentaires de divers groupes et experts.
«Nous avons également entamé des discussions avec le Saint-Siège sur des questions qui concernent la discipline et la doctrine de l’Église universelle», a-t-il écrit.
L’archevêque a dit qu’il espérait que la réponse officielle des évêques à la Commission royale serait publiée dès que possible après la réunion du début du mois d’août.
La commission a publié son rapport en décembre 2017 après cinq années d’audiences et d’analyse de près de 26 000 courriels et de 42 000 appels téléphoniques d’Australiens inquiets. Le rapport a fait 20 recommandations à l’Église catholique, y compris demander à la conférence épiscopale de travailler avec le Saint-Siège pour changer le code de droit canonique «pour créer un nouveau canon ou une série de canons spécifiquement liés à l’abus sexuel des enfants».
Une autre recommandation demandait que les évêques australiens travaillent avec le Saint-Siège pour déterminer si le secret absolu concernant les questions discutées pendant la confession s’applique également à un enfant qui confesse qu’il a été abusé sexuellement. Le rapport a également déclaré que l’Église devrait considérer si «l’absolution peut et devrait être refusée» si une personne avoue avoir commis des abus sexuels sur des enfants.
La commission a appelé à améliorer le dépistage et la formation des membres des ordres religieux et a demandé à la conférence des évêques de «procéder à un examen national des structures de gouvernance et de gestion des diocèses et des paroisses» en ce qui concerne la participation des laïcs et des femmes.
Carol Glatz