Alors que débute aujourd’hui, mercredi des Cendres, la campagne annuelle de Développement et Paix, l’organisme n’est toujours pas en mesure d’indiquer si les sommes recueillies auprès des catholiques canadiens pourront cette année être versées à l’un ou l’autre des partenaires soupçonnés par des évêques de ne pas respecter l’enseignement moral et social de l’Église catholique.
En novembre 2018, le directeur général Serge Langlois avait indiqué que «Développement et Paix n’utilisera[it] pas les fonds du carême pour les 52 partenaires en revue, tant que la situation de ces partenaires ne sera pas clarifiée». Ce moratoire financier avait été renouvelé l’année suivante.
Depuis sa fondation, la population canadienne est invitée, durant la période du carême, à verser une aumône afin de contribuer aux projets que finance Développement et Paix.
Tous les dons recueillis dans les paroisses, notamment lors du 5e dimanche du carême – cette année le 29 mars 2020 – «serviront en soutien à la mission essentielle de l’organisme, qui s’inspire des valeurs de l’évangile et plus particulièrement de l’option préférentielle pour les pauvres et qui agit au quotidien en faveur des personnes les plus vulnérables dans les pays du Sud afin de les soutenir dans leur quête de justice sociale et de dignité», indique aujourd’hui Développement et Paix à l’occasion du lancement de sa campagne annuelle.
Cette année, Développement et Paix met de l’avant une campagne qui vise en particulier de nous rapprocher de l’Amazonie, en solidarité avec les peuples autochtones qui souffrent», explique Evelyne Beaudoin, la présidente du Conseil national de Développement et Paix. La campagne met notamment l’accent sur le concept de «maison commune».
Enquête et examen institutionnel
Invité à commenter la nouvelle campagne de l’organisme ainsi que l’état des discussions et de l’enquête que mènent depuis deux ans les évêques sur l’organisme qu’ils ont créé en 1967, Mgr Richard Gagnon, le président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, a d’abord refusé d’accorder une entrevue à l’agence de presse Présence
«Le président n’est pas en mesure de participer à une entrevue pour le moment étant donné les discussions en cours concernant l’examen conjoint des partenaires internationaux et le diagnostic organisationnel entre la CECC et Développement et Paix», a indiqué le vendredi 21 février Lisa Gall, la coordonnatrice des communications de la conférence épiscopale.
Mardi, au terme d’un entretien téléphonique sur les révélations concernant Jean Vanier, Mgr Gagnon a indiqué qu’il ne fallait pas s’attendre, le mercredi des Cendres, à ce que les évêques du Canada émettent une déclaration sur la campagne financière et sur les discussions en cours.
«Cela n’arrivera sans doute pas cette semaine», a indiqué l’archevêque de Winnipeg. «Les discussions se poursuivent. La CECC et Développement et Paix se sont entendus pour ne faire aucune déclaration publique tant que les questions en suspens ne seront pas entièrement résolues. On est toujours au beau milieu de ces discussions. Je ne peux en dire davantage à ce moment-ci.»
Il a tenu toutefois à rassurer les catholiques. «Les évêques appuient Développement et Paix, son travail et la campagne Carême de partage», a-t-il déclaré. «Je reviens tout juste d’une rencontre des évêques de l’Ouest canadien où nous avons discuté ouvertement de la campagne. Individuellement, les évêques appuient cette campagne et vont le dire publiquement. Je le ferai personnellement dans l’archidiocèse de Winnipeg.»
Dans ses réponses aux questions soumises par un journaliste, Evelyne Beaudoin, la présidente de Développement et Paix, indique ne pas avoir réagi négativement en apprenant que la CECC n’avait pas appuyé officiellement la campagne 2020, notamment dans les publications diffusées par l’organisme partout au Canada.
«Nous n’avons jamais cru que les évêques du Canada n’appuyaient pas Développement et Paix. Au contraire, c’est parce qu’ils y croient profondément qu’ils cherchent avec nous à poursuivre notre mission depuis 1967 afin de travailler ensemble davantage au profit des personnes pauvres et démunies dans le Sud», a déclaré la présidente du Conseil national, la plus haute instance de l’organisme.
Concernant l’enquête sur les 52 partenaires, elle révèle que «le dialogue se termine sur ce dossier et qu’un communiqué de presse conjoint sera émis au moment propice», sans préciser si ce sera avant la tenue de la quête du 5e dimanche du carême.
Pour ce qui est du rapport Deloitte, cet examen organisationnel commandé par les évêques du Canada en juin 2020, Mme Beaudoin explique que «le Bureau de direction de la CECC et le Comité exécutif de Développement et Paix se sont rencontrés à quelques reprises depuis les derniers mois afin de regarder ensemble les avenues à poursuivre».
Elle indique aussi que «les prochaines assemblées régionales dans toutes les régions du pays seront les moyens par excellence pour les consultations et les discussions se rapportant à ce sujet». Ces rencontres des membres de l’organisme se tiennent en avril et mai, après la campagne Carême de partage.
La campagne Carême de partage 2019 a permis de recueillir 7 666 411 $ auprès des catholiques de tout le Canada, a appris l’agence de presse Présence. C’est un million de dollars de plus qu’en 2018 alors que la campagne obtenait son pire résultat des douze dernières années.
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