Lorsque le père Peter Njogu a été ordonné prêtre catholique en 1989, il avait décidé de rester célibataire pour le restant de ses jours et de servir Dieu, sans se douter que treize ans plus tard, tout changerait.
En 2002, le père Njogu a été accusé par le diocèse de Nyeri, au Kenya, d’avoir une copine, rencontrée en Italie. Il a refusé fermement rejeté les allégations, même s’il reconnait aujourd’hui que c’était vrai.
Le père Njogu a été officiellement excommunié par le Vatican quelques mois plus tard et a rejoint l’Église catholique universelle renouvelée en tant qu’évêque après avoir été consacré par l’ancien archevêque zambien Emmanuel Milingo. L’Église dissidente en désaccord avec Rome permet aux prêtres de se marier et de continuer à exercer leur ministère. Le père Njogu épousa plus tard Berith Karimi Njogu, sa copine de longue date.
Le père Njogu a depuis rencontré des prêtres au grand séminaire du Christ-Roi à Nyeri et dans tout le pays pour les inciter à abandonner le célibat sacerdotal, à rejoindre le groupe dissident et à se marier s’ils le souhaitent.
«Je leur dis de vivre leur vie parce que le célibat n’est pas biblique et qu’il ne sanctifie pas la prêtrise», a déclaré le père de trois enfants, âgé de 55 ans et enseignant à l’université Kenyatta de Nairobi. «Il y a une énorme différence entre le célibat et l’appel à la prêtrise. Le célibat sacerdotal devrait devenir facultatif pour encourager plus de jeunes à adhérer à la prêtrise.»
L’Église catholique universelle renouvelée
Sa campagne a donné des fruits. L’Église catholique universelle renouvelée compte plus de quinze prêtres qui ont abandonné le célibat sacerdotal et se sont mariés. L’Église a des diocèses à travers le Kenya, et plusieurs de ses prêtres ont préféré quitter l’Église catholique.
Le père Njogu a déclaré qu’il avait décidé de créer une Église catholique alternative pour aider les prêtres à cesser de pécher parce que la plupart «étaient fatigués de faire semblant».
«Je connais beaucoup de prêtres et d’évêques qui ont des copines, car ce sont mes amis», a-t-il déclaré. «Certains ont même des familles secrètes ou des enfants qu’ils ont abandonnés parce qu’ils craignent d’être excommuniés de l’Église. D’autres abusent des enfants.»
Le pape François a abordé l’an dernier le débat du célibat pour les prêtres catholiques lorsqu’il a déclaré à un journal allemand qu’il était prêt à étudier des exceptions à la règle du célibat sacerdotal, en particulier dans les communautés isolées. Mais le pape a exclu de rendre le célibat facultatif.
«Le célibat volontaire est souvent discuté dans ce contexte, en particulier dans les endroits où il y a des pénuries de religieux. Mais le célibat volontaire n’est pas une solution», a déclaré le pape.
Cependant, cela n’a pas empêché les prêtres de quitter le sacerdoce pour se marier.
Récemment, le père Njogu, maintenant archevêque de son Église, a ordonné trois prêtres mariés qui avaient été auparavant membres de l’Église catholique.
Pour sa famille
Le père Mathew Theuri, âgé de 70 ans, a déclaré qu’il était fatigué de prétendre être célibataire et a décidé de se marier pour sauver sa famille, qu’il cachait par peur d’être excommunié. Il vit maintenant ouvertement avec sa famille et il a dit pouvoir servir librement Dieu.
«J’ai décidé de me marier parce que je ne voulais pas que mes enfants continuent à souffrir. Je suis heureux car on m’a donné une autre chance de servir Dieu», a-t-il déclaré.
Certains prêtres catholiques romains ont déclaré que la question du célibat était toujours un grand défi pour de nombreux membres du clergé au Kenya et dans le monde. Un prêtre qui a demandé à ne pas être nommé a dit que si on leur en donnait la chance, beaucoup de prêtres choisiraient aussi de se marier.
«C’est un défi pour nous, mais nous continuons à prier», a-t-il déclaré. «De nombreux prêtres souhaitent avoir des familles et des enfants, mais ils sont incapables de le faire. Certains regrettent même d’entrer dans la prêtrise et d’autres continuent de se marier en secret.»
Règles à suivre
Cependant, Mgr Philip Anyolo, évêque de Homa Bay, au Kenya, président de la Conférence des évêques catholiques du Kenya, a déclaré que l’Église n’était pas menacée par les quelques transfuges. Il a rappelé aux prêtres de se souvenir de ce à quoi ils ont été appelés par Dieu.
«Nous ne sommes pas inquiets du tout. Ce ne sont plus des prêtres catholiques et ils peuvent aller de l’avant et faire ce qu’ils veulent. Mais une fois que vous êtes prêtre catholique, il y a des règles à suivre», a-t-il déclaré.
«Les prêtres devraient se rappeler qu’ils ont été appelés par Dieu pour une mission spéciale et ils devraient se concentrer sur cela et prier durement alors qu’ils recherchent la sainteté», a-t-il ajouté. «Personne ne peut servir deux maîtres. Soit tu haïras l’un et tu aimeras l’autre, soit tu seras dévoué à l’un et méprisera l’autre.»
Le père Njogu a rejeté les commentaires de l’évêque Anyolo, affirmant que de nombreux prêtres l’appelaient pour exprimer son intérêt à rejoindre l’Église catholique universelle renouvelée. Il a ajouté que certains des hommes avec lesquels il avait parlé avaient peur de quitter l’Église catholique à cause des privilèges inhérents à la prêtrise, tels que le logement, les véhicules et la sécurité de l’emploi.
«J’ai rencontré beaucoup de prêtres qui sont prêts à nous rejoindre et je vais les accueillir bientôt», a-t-il affirmé. «Beaucoup continuent à vivre dans le déni. Il n’est pas divin de nier les droits des pères et bientôt ils viendront dans mon Église.»
Mgr Anyolo a nié avoir dit que «les prêtres ne sont pas disposés à abandonner la vie de célibat parce qu’ils savent qu’ils ont été appelés par Jésus-Christ à servir». L’évêque a cependant souhaité bonne chance à tous ceux qui étaient disposés à partir en disant prier pour eux.
Doreen Ajiambo