Si tout va bien, des religieuses vont confectionner aujourd’hui, dans l’atelier de couture de leur grande maison d’Ottawa, un 300e masque destiné au personnel de l’infirmerie de leur communauté.
Au téléphone, la religieuse Francine Gauthier, conseillère des Filles de la Sagesse, explique qu’à la Maison Accueil-Sagesse du chemin Montréal, à Ottawa, se trouve aussi l’infirmerie de la communauté, administrée aujourd’hui par du personnel laïque.
Au début du confinement en raison de la pandémie de coronavirus, «les membres du personnel de la maison ont fait l’inventaire du matériel disponible», dit sœur Gauthier. «Ils ont rapidement constaté que si on avait une épidémie, il n’y en aurait pas suffisamment».
Ils ont cherché à s’en procurer, «comme tout le monde», mais le matériel n’était pas disponible. «Il y a une pénurie et comme on est ici une institution privée, on comprend qu’on va privilégier les hôpitaux.»
C’est le responsable de l’entretien de la grande résidence d’Ottawa qui a lancé l’idée de fabriquer à l’interne le matériel manquant.
«Sur YouTube, il a téléchargé une vidéo qui montrait comment confectionner des masques. Quand on a vu le personnel travailler à leur fabrication après leurs heures de travail, on leur a offert notre aide», raconte la conseillère de la congrégation.
Des religieuses ont adapté le patron trouvé sur YouTube. Le produit qui sort de leur salle de couture n’est pas en papier mais bien en tissu, précise sœur Gauthier. «Il compte trois épaisseurs, du coton à l’extérieur, et à l’intérieur, une pièce de flanelle, pour que cela soit plus étanche.»
Depuis vendredi, huit Filles de la Sagesse font de la couture, d’autres s’occupent de tailler les pièces, d’autres encore les assemblent. «C’est du travail à la chaîne» qui respecte toutes les consignes de distanciation sociale, précise la religieuse en montrant la photo d’une des deux équipes qui s’affairent à la production dans deux salles différentes.
«On pense aujourd’hui compléter notre 300e masque», lance-t-elle fièrement. Une fois utilisés, ces masques seront lavés puis désinfectés.
La production complétée, les religieuses n’entendent pas retourner à leurs aires de confinement. «On planifie déjà de faire des blouses. Ça aussi, c’est en manque», explique sœur Gauthier. «Il y a une sœur qui a trouvé un patron de blouse jetable. On va l’adapter pour fabriquer des blouses en nylon.»
Elle reconnaît qu’elles ont eu de la difficulté à se procurer tout le matériel pour cette nouvelle production. Heureusement, une religieuse avait une parente à Toronto qui travaille auprès d’un important détaillant de tissus. «Elle a pu nous aider. Le tissu devrait nous être livré aujourd’hui même», confie-t-elle.
Depuis deux semaines, les 88 Filles de la Sagesse et les 20 autres religieuses de différentes congrégations qui habitent à la Maison Accueil-Sagesse sont en confinement. Tout va bien, dit la conseillère. «On a eu une petite éclosion de grippe saisonnière à l’infirmerie, il y a un peu plus d’une semaine. Mais pas de cas de COVID-19.»
Dans cette résidence, on a adopté des mesures très strictes, tant pour les religieuses que pour le personnel laïque qui prend soin des religieuses malades. «Les employés ne peuvent pas entrer dans la résidence sans qu’on ait pris leur température.»
Fabriquer des masques et des blouses à l’intérieur de leur résidence est un geste qui contribue à protéger le personnel infirmier. «En toute justice, dit sœur Gauthier, il faut les protéger car ils nous protègent.»
Les Filles de la Sagesse, une congrégation internationale, comptent 145 religieuses au Canada. Elles habitent dans douze résidences. L’âge moyen des religieuses est de 84 ans. Actives notamment en milieu hospitalier, les Filles de la Sagesse ont dirigé l’Hôpital Montfort d’Ottawa, situé tout près de la Maison Accueil-Sagesse. La dernière religieuse ayant travaillé dans un poste rémunéré à cet hôpital a pris sa retraite en 1998.
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