Chacune des victimes d’agressions sexuelles attribuées au religieux Jean-Paul Thibault recevra une indemnité allant de 55 000 $ à 110 000 $.
Le juge Michel A. Pinsonnault, de la Cour supérieure du Québec, a approuvé lundi une entente de règlement intervenue à la fin de 2015 entre une victime, le frère Thibault lui-même, le Collège Saint-Hilaire, où il a travaillé durant 20 ans, et la congrégation des Frères de Notre-Dame de la Miséricorde.
En mars 2015, cette présumée victime avait présenté une demande d’autorisation d’un recours collectif contre le collège, la congrégation religieuse et le frère Jean-Paul Thibault. Agée de 12 ans à l’époque, elle raconte que le religieux lui avait demandé de l’accompagner au magasin scolaire, un petit local connu comme le dépanneur. Il lui offrait des friandises et des boissons gazeuses.
«Puis un soir d’automne 1982, alors qu’ils étaient au dépanneur, le frère Thibault s’est mis à lui toucher les parties génitales», peut-on lire dans la requête datée du 4 mars 2015. «Par la suite, le frère Thibault sollicitait le requérant tous les 2 à 3 jours.» La présumée victime, aujourd’hui un policier de 45 ans, précise que les «attouchements devenaient de plus en plus prononcés, jusqu’à ce que le frère Thibault commence à [le] masturber et à lui faire des fellations».
Le jeune homme a quitté le collège à la fin de la troisième année du cours secondaire. Mais le religieux continuait de fréquenter les parents de l’adolescent et invitait l’adolescent à l’accompagner à des activités récréatives. «Il en profitait pour l’agresser», mentionne la requête. Les agressions ont cessé lorsque la victime a exigé que le religieux ne vienne plus dans sa résidence.
Comme un coup d’assommoir
C’est en novembre 2014 que l’ex-élève a lu, dans un hebdomadaire distribué à Beloeil et à Mont-Saint-Hilaire, un reportage sur le 50e anniversaire du collège qu’il avait fréquenté quarante ans plus tôt. Sur une photographie, il a reconnu le frère Jean-Paul Thibault, identifié comme vice-président du conseil d’administration de l’institution.
«Cet événement a été comme un coup d’assommoir pour le requérant», indique la requête en recours collectif. Il a alors été envahi par un puissant sentiment de malaise et de colère. Son agresseur était non seulement toujours en milieu scolaire et en contact avec des jeunes, mais il se faisait féliciter pour sa contribution à leur éducation.»
C’est à ce moment qu’il a décidé de porter plainte contre son agresseur et qu’il a entrepris des démarches pour qu’un recours collectif soit intenté au nom de toutes les victimes possibles du frère Thibault.
À ce jour, on ne sait pas combien d’ex-élèves se sont manifestés. «Les réclamations devront être soumises au plus tard le 5 juillet 2016, à défaut de quoi les victimes perdront leur droit de recevoir compensation», indique l’entente approuvée lundi par le juge Pinsonnault.
Le règlement a été fait «sans admission de responsabilité», précise-t-on.
Le collège, la communauté religieuse et le frère Thibault doivent verser d’ici dix jours une somme de 1 million $ dans un fonds de règlement. Ils pourraient devoir verser davantage si un grand nombre de réclamations sont acceptées d’ici juillet.
Dans le site Web de l’institution scolaire privée de Mont-Saint-Hilaire, le nom du frère Jean-Paul Thibault n’apparaît plus dans la liste des membres du conseil d’administration. De plus, dans la page consacrée à l’histoire du Collège Saint-Hilaire, il n’est plus mentionné que l’institution a été fondée en 1964 par la congrégation des Frères de Notre-Dame de la Miséricorde.