De retour récemment de Rome, deux évêques québécois se sont volontairement isolés.
Un de ces évêques a déjà complété ses 14 jours d’isolement. Depuis une semaine maintenant, le second est confiné à son domicile. Cette réclusion volontaire ne les a pas empêchés, grâce à la technologie, d’administrer leur diocèse respectif et de discuter avec les membres de leur personnel sur tout leur territoire.
«Je vais très bien», lance Mgr Claude Hamelin.
Invité à commenter le fait qu’il ait été hier le tout premier évêque du Québec à décréter l’annulation des célébations de la Semaine sainte, l’évêque de Saint-Jean-Longueuil confie que c’est de sa résidence même qu’il a signé ce décret et que c’est au terme de nombreux échanges téléphoniques que ses collaborateurs et lui l’ont rédigé.
Il y a une semaine, Claude Hamelin terminait un séjour à Rome. Un voyage qui se voulait à la fois un pèlerinage «sur les pas de saint Pierre et saint Paul», dit-il, mais aussi une occasion de rencontres avec des responsables de la curie romaine, dont le cardinal québécois Marc Ouellet, le préfet de la Congrégation pour les évêques.
À son retour d’Italie, débutait à Trois-Rivières, l’assemblée plénière de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (10 au 13 mars). «Revenu au Québec le mardi soir, j’y étais attendu le mercredi matin. Mais il était hors de question pour moi que je m’y présente. J’ai averti le président de l’AECQ, Mgr Christian [Rodembourg], que je n’y assisterais pas. Je me devais de donner l’exemple à tous les gens de mon diocèse.»
C’est donc de sa résidence qu’il a appris que ses confrères de l’épiscopat ont décrété, le jeudi 12 mars, que «toutes les messes du samedi soir, du dimanche et les célébrations dominicales de la parole sont annulées». Quatre jours plus tard, malgré sa quarantaine volontaire, Mgr Hamelin devenait le tout premier évêque canadien à décréter «l’annulation des célébrations de la semaine sainte».
Valleyfield
L’évêque de Valleyfied, Mgr Noël Simard, n’a pas non plus participé à la rencontre des évêques la semaine dernière. Il terminait alors sa période d’isolement volontaire.
«Mon isolement s’est terminé dimanche matin. Je suis allé célébrer une messe à la paroisse Saint-Michel. Une messe télévisée», précise-t-il aussitôt.
Revenu de Rome deux semaines plus tôt, l’évêque a participé à des rencontres organisées par l’Académie pontificale pour la vie auxquelles ont pris part, selon les journées, entre 150 et 450 personnes, en provenance de tous les pays du monde.
Ce n’est que cinq jours après son arrivée au Québec qu’il est informé d’urgence par un responsable de l’Académie pontificale. Un participant au congrès romain avait obtenu un test positif au coronavirus.
«Je n’avais aucun sympôme mais je me suis immédiatement isolé à la maison. J’ai pu travailler avec mon ordinateur personnel qui est branché à ceux du diocèse. Et j’ai célébré la messe de chez moi, en union avec toutes les victimes du coronavirus.»
«J’ai aussi téléphoné au 811. On m’a dit de demeurer à la maison, ce que j’ai fait. J’ai téléphoné de nouveau vendredi pour savoir si je pouvais reprendre mes activités dimanche, puisque je n’avais toujours aucun symptôme, 14 jours après mon retour de voyage.»
«Je suis actuellement au bureau, bien reposé, en bonne forme», lance-t-il fièrement au téléphone.
Mais, lui fait remarquer le journaliste, vous avez quand même plus de 70 ans. Selon les consignes gouvernementales, ne devriez-vous pas demeurer à la maison?
«Je sais. Mes collaborateurs et collaboratrices me l’on assez répété. Mais je suis seul ici», s’empresse-t-il de répondre, expliquant que l’accès aux bureaux sont dorénavant restreints et que le personnel diocésain est en télétravail. «Je quitte la maison, je prends mon automobile puis j’arrive à mon bureau où je ne rencontre personne».
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