Développement et Paix n’a toujours pas reçu les sommes que les catholiques d’une douzaine de diocèses canadiens ont versé à l’organisme, en mars 2018, lors de sa campagne annuelle appelée Carême de partage.
Une somme estimée entre 2 et 4 M$ est actuellement retenue par des évêques de l’Ontario et des provinces de l’Ouest canadien depuis qu’une «évaluation préliminaire» présentée aux évêques a révélé que «quelque quarante partenaires [de Développement et Paix] semblent montrer des signes de conflit avec l’enseignement moral et social catholique».
«Non, ce n’est pas terminé», répond Serge Langlois, directeur général de Développement et Paix lorsqu’on lui demande si l’organisme a finalement reçu les sommes retenues.
Invité à l’assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), Serge Langlois a entendu le président de la CECC, Mgr Lionel Grendron, expliquer dans son rapport annuel qu’«afin de renforcer la mission de charité dans la vérité de l’organisme, la CECC a collaboré avec Développement et Paix tout au long de l’année dans un examen commun approfondi de tous les partenaires de l’organisme à l’étranger».
«Cet examen commun est en cours, et ses résultats seront communiqués à tous les évêques lorsqu’il sera terminé», a indiqué Mgr Gendron.
«C’est un gros travail qu’il a fallu réaliser», dit Serge Langlois. Il se réjouit que cette évaluation ait déjà révélé «que Développement et Paix n’a jamais soutenu quelque programme ou projet qui n’est pas en accord avec l’enseignement et la doctrine sociale de l’Église. Ça, c’est convenu complètement.»
«Là, on discute davantage des partenaires de Développement et Paix», dit-il. Cet examen «ne se fait pas de façon vindicative», a-t-il tenu à préciser. «C’est très cordial.»
Plusieurs diocèses canadiens ont déjà fait parvenir à Développement et Paix les sommes qui ont été recueillies dans les églises paroissiales le dimanche 18 mars 2018 à l’occasion du Carême de partage. D’autres ont décidé d’attendre la conclusion de cette enquête. «Ce sont des décisions locales. Ce n’est pas la CECC qui a donné une directive», note Serge Langlois.
Un règlement d’ici Noël?
Le directeur général de Développement et Paix a toutefois hâte que la situation se règle. «On espère que les fonds seront bientôt débloqués car ce sont des sommes importantes. De plus, ce sont des sommes qui appartiennent aux gens du Sud. On a besoin de cet argent pour soutenir des projets là-bas.»
Espère-t-il un règlement d’ici Noël? «Je ne suis pas Nostradamus», lance-t-il en riant. «Je n’ose pas mettre de date, mais mon cœur vous dirait: dès la semaine prochaine. Sérieusement, dès que possible sera le mieux.»
En 2017, la campagne Carême de partage, menée dans tous les diocèses canadiens, a permis de recueillir 7 565 000 $. La prochaine collecte auprès des catholiques se tiendra le dimanche 7 avril 2019. Développement et Paix a été fondé en 1967 par les évêques du Canada.
Dans son rapport présenté au début de l’assemblée plénière de la CECC, le lundi 24 septembre 2018, Mgr Lionel Gendron a aussi indiqué que les évêques auraient «du temps cette semaine pour discuter plus en profondeur l’importance de l’œuvre de développement international et de la mission de Développement et Paix».
Ce sujet n’a toutefois pas été évoqué lundi ainsi que mardi matin, seuls moments de l’assemblée plénière que les journalistes peuvent couvrir. La rencontre annuelle des évêques de tout le Canada se déroule à Cornwall, en Ontario, et se termine le vendredi 28 septembre 2018.