Les évêques du Canada ne devraient pas s’inquiéter du fait que Développement et Paix travaille, dans différents pays du monde, avec des groupes de la société civile qui ne sont pas liés à l’Église ou encore que l’organisme de coopération internationale s’allie à des institutions qui ne partagent pas tous les enseignements de l’Église catholique.
Loin d’être dangereuses, de telles alliances sont «d’une grande importance» et respectent précisément l’enseignement social de l’Église, estime Mgr Miguel Cabrejos Vidarte, le président de l’influent Conseil épiscopal latinoaméricain (CELAM), dans une lettre qui circule présentement dans les milieux catholiques canadiens.
Celui qui est aussi archevêque de Trujillo au Pérou et président de la Conférence épiscopale péruvienne remercie tout particulièrement Développement et Paix pour «l’appui qu’il accorde depuis plusieurs années aux institutions de la société civile du Pérou et de la région qui, bien que ne faisant pas officiellement partie de l’Église catholique, sont connues pour leur défense des personnes les plus marginalisées et pour leur souci du bien commun».
La lettre du président du CELAM, datée du 1er août 2019 et rédigée en espagnol, est actuellement partagée – après avoir été traduite en anglais – par des congrégations religieuses canadiennes présentes en Amérique latine. Ni la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), ni Développement et Paix n’ont à ce jour rendu publique la lettre de l’archevêque péruvien.
La lettre d’appui en provenance du CELAM ne mentionne toutefois jamais l’examen des partenaires de Développement et Paix réclamé par des évêques canadiens en avril 2018, une enquête dont on devrait connaître les conclusions à la fin du mois de septembre, lors de l’assemblée plénière annuelle de la CECC.
Au terme de la campagne de collecte de fonds de mars 2018 dans les églises du Canada, des évêques de l’Ouest ont été informés des résultats préliminaires d’une étude faite par quatre employés de la CECC.
Selon cette enquête, certains des partenaires de Développement et Paix semblaient «montrer des signes de conflit avec l’enseignement moral et social catholique». Les dons obtenus des catholiques seraient retenus tant que ces évêques n’auraient pas obtenu l’assurance qu’ils «seraient utilisées par des agences dont la mission, les valeurs et les principes concordent avec les enseignements de l’Église catholique», avaient alors annoncé les évêques de 13 diocèses canadiens.
En novembre 2018, le directeur général de Développement et Paix révélait que les évêques questionnaient la pertinence d’appuyer financièrement 52 des 180 partenaires de l’organisme en Afrique, en Asie et en Amérique latine. La moitié de ces partenaires étaient des organismes d’Amérique latine (25) ou des Caraïbes (1), a alors appris l’agence de presse Présence.
Enseignement social de l’Église
Dans sa lettre, Mgr Miguel Cabrejos Vidarte cite des textes majeurs liés à l’enseignement social de l’Église catholique. Des extraits de l’encyclique Populorum Progressio (pape Paul VI, 1967), de la constitution pastorale Gaudium et Spes (1965) et de l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium (pape François, 2013) indiquent tous la pertinence pour les chrétiens de travailler auprès de gens «qui ne se reconnaissant d’aucune tradition religieuse» mais qui «cherchent sincèrement la vérité, la bonté, la beauté».
Ces gens se révèlent de «précieux alliés dans l’engagement pour la défense de la dignité humaine, la construction d’une cohabitation pacifique entre les peuples et la protection de la création», écrit le président du CELAM, citant l’article 257 d’Evangelii Gaudium.
«Nous tenons à souligner que nous attachons une grande importance aux alliances avec des organisations laïques qui ne partagent pas nécessairement tous les enseignements de l’Église catholique, mais avec lesquelles nous travaillons ensemble pour que les personnes et les communautés puissent passer « de conditions moins humaines à des conditions plus humaines »», ajoute l’archevêque, citant cette fois Populorum Progressio, une encyclique liée à la fondation même de Développement et Paix par les évêques du Canada.
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