Développement et Paix ne commentera de vive voix aucun des éléments contenus dans le reportage publié vendredi par l’agence de presse Présence. À 14 h 30, lundi, l’organisme a toutefois publié une note officielle dans son site Web.
«Il est regrettable que des données non autorisées et incomplètes aient été divulguées récemment dans les médias, et ce, sans le consentement de la CECC [ndlr: Conférence des évêques catholiques du Canada] ou de Développement et Paix», peut-on lire dans un communiqué conjoint avec la conférence épiscopale.
La conférence épiscopale ainsi que Développement et Paix s’inquiètent que «la publication prématurée de certains renseignements ne vienne compromettre la démarche conjointe, miner les conclusions d’un examen qui n’est pas terminé, et projeter un éclairage négatif ou erroné sur les partenaires internationaux, sur Développement et Paix et sur la CECC».
Présence a révélé vendredi qu’un comité restreint de la Conférence des évêques catholique du Canada avait épinglé pas moins de 52 partenaires de l’organisme qui ne respecteraient pas les «enseignements sociaux de l’Église». Le rapport préliminaire des quatre membres de ce comité épiscopal, rendu public avant même que Développement et Paix n’en prenne connaissance au printemps dernier, a mené une douzaine d’évêques de l’Ontario et de l’Ouest canadien à retenir toutes les sommes versées par les catholiques de leurs diocèses à la campagne annuelle de l’organisme de solidarité internationale.
Présence a demandé dès lundi matin à Mgr Lionel Gendron, président de la CECC, de commenter la situation. La réponse de la CECC est parvenue lundi après-midi. «Le président de la CECC n’est pas disponible pour une entrevue cette semaine, mais comme je vous l’ai communiqué plus tôt, peut-être qu’une occasion se présentera dans les prochaines semaines», a répondu la coordonnatrice des communications de la conférence épiscopale, Lisa Gall.
La semaine dernière, l’agence de presse avait aussi demandé à la CECC s’il était vrai qu’un organisme haïtien faisait partie des 52 partenaires qui ne seraient plus financés par l’organisme. La CECC n’a pas accusé réception de cette demande.
Les journalistes ne pourront pas discuter non plus avec Serge Langlois, le directeur général de Développement et Paix, a fait savoir lundi le Service des communications de l’organisme. Les rencontres du comité exécutif et du conseil national de Développement et Paix, prévues de mercredi à dimanche, occupent tout le temps du directeur général, explique-t-on.
Un journaliste de Présence a demandé s’il pouvait néanmoins participer, samedi ou dimanche, à la rencontre du conseil national lorsque seront discutées les relations entre la CECC et Développement et Paix. «Ce ne sera pas possible», a répondu le Service des communications. Le conseil national est la plus haute instance de Développement et Paix. C’est lui qui adopte les grandes politiques et le budget annuel de Développement et Paix.
Le journaliste a aussi demandé à obtenir une entrevue dimanche avec la personne qui succèdera à l’homme d’affaires et diacre Jean-Denis Lampron à la présidence de Développement et Paix. «C’est aussi non», lui a-t-on répondu. «Plus tard, sans doute.»
En 2015, au lendemain de l’élection de Jean-Denis Lampron à la présidence de Développement et Paix, Présence avait pu l’interroger sur ses projets. Il rappelait alors que ce sont les évêques catholiques du Canada qui ont donné naissance à Développement et Paix. «Je suis un père de famille. Diane et moi, nous avons eu 11 enfants. Je sais ce que c’est que la responsabilité parentale.» Comme nouveau président, il avait l’intention de rencontrer chacun des évêques «pour discuter de leur propre responsabilité parentale» envers l’organisme qu’ils ont fondé il y a un demi-siècle.
En avril 2018, après que des évêques de l’Ouest canadien aient annoncé retenir les sommes versées à Développement et Paix, Jean-Denis Lampron s’était montré déçu. «Je trouve cela extrêmement triste et déplorable que Développement et Paix, encore une fois, soit condamné. On n’a même pas attendu que le processus d’évaluation soit terminé», avait-il lancé.
Affecté par la maladie, Jean-Denis Lampron a dû céder sa place durant l’été. Lors de l’assemblée plénière de la CECC en septembre 2018, une rencontre à laquelle il était invité, c’est la Manitobaine Évelyne Beaudoin qui l’avait remplacé. Elle pourrait devenir dimanche la nouvelle présidente de Développement et Paix.
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