Une Déclaration universelle des droits de la personne par les religions du monde a été dévoilée jeudi soir à Montréal.
Parce que, ces dernières décennies, «la conscience des croyants a été secouée par les atrocités et les actes de violence, y compris des actes de terrorisme, qui ont été commis au nom de la religion», des leaders religieux et des universitaires planchent, depuis 1998, sur la rédaction d’un texte complémentaire à la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.
La version finale de cette déclaration officielle a été rendue publique lors de la 3e Conférence mondiale sur les religions du monde après le 11 septembre. Quelques 700 personnes ont participé, au Palais des congrès de Montréal, au dévoilement de ce texte qui, comme la Déclaration universelle des droits de l’homme, compte 30 articles.
Professeur de droit à l’Université de Nebraska, l’avocat Brian D. Lepard, un des rédacteurs de cette déclaration des droits humains par les religions, a rappelé que dans le texte de 1948, on a choisi «de ne pas insérer des références religieuses ou spirituelles aux droits humains à cause de désaccords entre les gouvernements signataires».
Pourtant, on ne peut nier que «la religion joue un rôle important dans la vie de milliards d’individus». Les diverses religions répètent aussi que les hommes et les femmes ont des besoins matériels mais aussi spirituels, un élément absent de la Déclaration de 1948, a expliqué le professeur Lepard.
Vêtements religieux
Des débats, souvent acrimonieux, sur le port de signes et de vêtements religieux resurgissent constamment dans l’actualité. La Déclaration dévoilée hier précise, à l’article 19, que le choix des vêtements et de l’alimentation doit faire partie du droit à la liberté d’expression, tout comme «les prières et les autres formes d’expressions religieuses».
Dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’article 18 explique que la liberté de religion implique «la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites».
Le texte dévoilé hier reconnait qu’il ne doit «y avoir aucune contrainte rattachée à la religion ou à la croyance». La liberté de religion comprend le «droit d’établir et d’entretenir» des lieux de culte, «le droit d’élire ou de désigner par voie de succession des dirigeants» et le «droit d’observer les jours de repos et de célébrer les fêtes et cérémonies conformément aux préceptes de sa religion ou de sa croyance».
Tout le processus de rédaction de cette Déclaration universelle des droits de la personne par les religions du monde, entrepris en 1998 à l’occasion du 50e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, a été appuyé par cinq récipiendaires du prix Nobel de la paix, soit le dalaï-lama, l’archevêque anglican Desmond Tutu, l’avocate iranienne Shirin Ebadi, l’évêque timorais Carlos Ximenes Belo, et l’écrivain et philosophe Elie Wiesel, décédé au mois de juillet.