Le nombre d’agents de pastorale laïques travaillant pour les diocèses catholiques québécois a connu une baisse marquée au cours de la dernière année, passant d’environ 500 en janvier 2020 à 400 en mars 2021. Il s’agit d’une baisse de 20 %.
Selon des données compilées en mars 2021 par l’Assemblée des responsables de la formation et de l’accompagnement – Agent(e)s de pastorale laïques (ARFA-APL), le Québec comptait 403 agents de pastorale laïques (APL) en mars 2021. Ce nombre est le résultat d’une «baisse significative dans plusieurs diocèses», note-t-elle.
Dans un document transmis à Présence par l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ), l’ARFA-APL dit s’attendre à ce qu’il y ait d’autres départs au cours des prochains mois.
Le rôle d’agent de pastorale laïque continue d’être largement occupé par des femmes dans les 19 diocèses catholiques romains situés au Québec. Ainsi, elles sont 307 sur les 403 APL dénombrés, ce qui représente 76 % du total.
Toujours selon les chiffres de l’ARFA-APL, c’est l’archidiocèse de Québec qui comptait le plus d’APL en mars avec 57. Il était suivi de près par l’archidiocèse de Montréal (55) et le diocèse de Saint-Jean-Longueuil (54). C’est toutefois ce dernier qui comptait le plus de femmes APL, avec 45.
Les causes de la baisse
Mais qu’est-ce qui explique une telle diminution entre janvier 2020 et mars 2021?
«Je crois que la pandémie a provoqué des départs à la retraite plus rapides que prévu», avance Audrey Boucher, présidente de l’ARFA-APL. Plusieurs auraient décidé de devancer leur décision, en raison des circonstances.
En effet, les mesures sanitaires mises en place par le gouvernement du Québec pour endiguer la COVID-19 ont eu des impacts directs sur le travail des APL. Selon Audrey Boucher, «les conditions de travail sont devenues difficiles dans les paroisses» pendant la pandémie. L’interdiction puis les restrictions pour les rassemblements dans les lieux de culte ont aussi eu des impacts négatifs sur les finances de plusieurs paroisses. Certaines ont dû procéder à des mises à pied, mais l’ARFA-APL n’est pas en mesure de dire quelle proportion des départs cela peut représenter pour la dernière année.
Des défis préexistants
Il semblerait toutefois que la pandémie est venue s’ajouter à une situation où les APL étaient déjà confrontés à divers défis, à commencer par le vieillissement des effectifs. La relève n’est «pas très grande», convient Mme Boucher.
Ni l’ARFA-APL ni l’AECQ n’était en mesure de fournir des données sur l’âge moyen des APL au Québec. Audrey Boucher précise qu’il semble être élevé, mais qu’il y a tout de même des effectifs dans toutes les tranches d’âge. «L’image que c’est juste des vieilles madames, ce n’est pas vrai», résume-t-elle.
L’autre donnée présentement inexistante au niveau provincial est le salaire moyen que gagnent les APL. Des données diocésaines sont parfois rendues publiques ici et là, mais il ne semble pas exister de portrait global récent. Du moins, pas selon l’ARFA-APL et l’AECQ.
«Pour le salaire je n’ai aucune donnée», confirme Germain Tremblay, adjoint au secrétaire général de l’AECQ.
À titre d’exemple, selon des données glanées sur les sites Web de divers diocèses québécois, un baccalauréat permet d’espérer obtenir un salaire annuel situé dans les 30 000 $. Parfois, des études supplémentaires ou des années d’expérience peuvent ouvrir la voie à une rémunération qui dépasse les 40 000 $. Les diocèses établissent des normes. L’embauche relève cependant des fabriques.
Selon Mme Boucher, la situation salariale varie selon les milieux. Même que la question n’a pas été franchement discutée à travers la province. «On est toujours dans les questions des moyens limités des paroisses. Personne ne va en pastorale parce qu’il veut faire un bon salaire», indique-t-elle. Quant à l’équité salariale, M. Tremblay apporte cette précision: «Je sais que les milieux ont fait le travail demandé et il y a équité je crois bien.»
«Je n’ai jamais rien entendu comme quoi il y aurait un écart», renchérit Mme Boucher.
Ministère «à géométrie variable»
La présidente de l’ARFA-APL estime que le rôle d’un APL peut être qualifié de «ministère à géométrie variable d’un diocèse à l’autre». D’où l’importance d’avoir un portrait global de l’état des forces dans les diocèses québécois.
Cette brusque diminution du nombre d’APL survient quatre ans après la publication d’un document de référence par l’assemblée épiscopale québécoise. On y reconnaissait que «les nouveaux défis auxquels l’Église doit faire face, notamment la rareté des ressources humaines, le manque de formation appropriée en théologie ou pastorale chez la relève et la diminution constante des ressources financières, fragilisent la mission, particulièrement le ministère d’agente et d’agent de pastorale».
Ce document de 2017 précisait par ailleurs que les évêques considèrent le ministère des APL comme «vital» et voient en lui un «véritable appel ecclésial». Il disait s’attendre à ce que ce travail soit transformé par les changements que connait l’Église catholique au Québec, alors qu’elle cherche à aller davantage à la rencontre d’une population qui ne va plus à elle.
«Dans le contexte de la pandémie, les agentes de pastorale ont été très proches des familles, des paroissiens. Elle font des contacts, des visioconférence, des catéchèses en ligne et des partages de Parole en ligne», énumère Audrey Boucher.
Selon elle, le portrait dressé par l’assemblée qu’elle préside vise justement à faire avancer la réflexion sur le devenir des agentes et agents de pastorale au Québec. «Il faut réfléchir dans l’ensemble et pas juste se demander si on va survivre ou non. Il faut voir ce qui se passe dans l’Église et comment on peut être un apport.»
Nombre d’agents de pastorale laïques par diocèse en mars 2021 au Québec selon l’Assemblée des responsables de la formation et de l’accompagnement – Agent(e)s de pastorale laïques (ARFA-APL)
Amos* | 4 (2 femmes) |
Baie-Comeau | 5 femmes |
Chicoutimi | 31 (21 femmes) |
Gaspé | 3 (2 femmes) |
Gatineau | 5 (4 femmes) |
Joliette | 11 (10 femmes) |
Mont-Laurier | 9 (6 femmes) |
Montréal** | 55 (40 femmes) |
Nicolet | 21 (16 femmes) |
Québec | 57 (30 femmes) |
Sainte-Anne-de-la-Pocatière | 15 femmes |
Saint-Hyacinthe | 47 (34 femmes) |
Saint-Jean-Longueuil | 54 (45 femmes) |
Saint-Jérôme | 25 (24 femmes) |
Sherbrooke | 19 (16 femmes) |
Rimouski | 9 (7 femmes) |
Rouyn-Noranda | 12 (10 femmes) |
Trois-Rivières | 13 (12 femmes) |
Valleyfield | 8 femmes |
*À confirmer.
**42 agents de pastorale laïques et 13 répondants du service à l’enfance mandaté(e).
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