L’avocat, auteur et militant Dominique Boisvert est décédé le 23 novembre 2020, vient d’annoncer sa famille ainsi que la Ville de Scotstown, une municipalité de l’Estrie où il s’est établi en 2014 et qu’il a dirigée, à titre de maire, de novembre 2017 à décembre 2018.
Le co-fondateur du Réseau québécois pour la simplicité volontaire est décédé lundi à la Maison Aube-Lumière, une maison de soins palliatifs de Sherbrooke où il a été accueilli il y a près de deux mois, a indiqué son fils, Félix Boisvert, qui était présent à ses côtés samedi.
«Mon père a perdu l’usage de la parole dès la mi-septembre.» Atteint d’un cancer au cerveau, Dominique Boisvert a rédigé plusieurs lettres à ses amis où il décrit l’évolution de sa santé. «Je n’ai pas vraiment envie de me battre avec le cancer», écrit-il le 10 juillet 2020. «Jusqu’à la fin, il aura toujours conservé une forme de présence. Il nous regardait, on sentait qu’il comprenait», indique son fils.
«C’est un autre gros morceau de notre aventure des chrétiens de gauche qui part, cette fois avec Dominique», dit Élisabeth Garant, la directrice générale du Centre justice et foi et la directrice de la revue Relations.
«Il était déjà au Centre lorsque j’y suis arrivée en 1995. C’était mon voisin de bureau. Je lui dois tellement. Dominique m’a introduite à l’art de travailler et de réfléchir. Il a quitté quelques années plus tard mais il a toujours continué d’écrire dans nos pages et de participer à nos activités», dit-elle.
Durant toutes les années 1990, il aura été une plume importante de Relations où il a toujours cherché à lier, en toute cohérence, «la dimension spirituelle et sa militance pour les droits humains». Il était attentif à plein d’enjeux de société et de justice sociale auxquels il prêtait sa plume, son verbe. «C’est tellement terrible de penser que, dans ses derniers moments, il n’était plus capable de parler ni d’écrire», dit Élisabeth Garant.
Auteur de quelques ouvrages sur la non-violence et la simplicité volontaire, Dominique Boisvert a publié, chez Novalis, Québec, tu négliges un trésor!, une réflexion sur l’héritage qu’a laissé le christianisme à la société québécoise. En 2017, il publie son «autobiographie spirituelle». Dans En quoi je croîs, Dominique Boisvert raconte son long cheminement sur les routes de l’engagement social et de la militance après avoir décidé, à la fin des années 1960, de ne pas prononcer ses voeux définitifs chez les pères de Sainte-Croix. Il reconnaît dès les premières pages de son livre avoir pris ses distances face à l’Église catholique. «Mais contrairement au plus grand nombre, je suis toujours resté dans ses marges», confie-t-il.
Au mois d’août 2020, Dominique Boisvert a fait parvenir à cinq organismes québécois une lettre, dans laquelle il annonce, «au moment d’arriver au terminus», vouloir leur laisser une somme importante, en fait la moitié de ses avoirs.
«Changer le monde est une responsabilité, chacun à notre modeste niveau», écrit-il. Il termine sa lettre avec ces mots: «La vie m’a gâté au-delà de tout. Que la vie vous gâte à votre tour.»
La famille a préparé un mémorial en ligne, annonce Félix Boisvert. «C’est un espace pour accueillir des témoignages, des photos ainsi que des vidéos» de la part des amis de son père, qui sont très nombreux.
Dans ses dernières volontés, Dominique Boisvert a demandé que son corps soit donné à la science. «La famille recevra ses cendres dans six mois», ajoute son fils. Deux cérémonies seront alors organisées en sa mémoire, une à Scotstown, «la communauté à laquelle il était tant attaché», et une autre à Montréal, chez les dominicains, en l’église du couvent Saint-Albert-le-Grand.
***