Le ciel est bleu, l’enfer est rouge, dit le vieil adage. Mais selon le nouveau document de l’épiscopat québécois consacré aux élections provinciales, la réalité, elle, est plutôt multicolore.
L’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) a publié le mercredi 5 septembre un document de deux pages en prévision du scrutin général du 1er octobre. Intitulé Élections provinciales 2018: soyons responsables!, il s’agit d’une réflexion préparée par le Comité Église et société de l’assemblée épiscopale.
On y présente des «réflexions et convictions inspirées de l’Évangile qui fonde notre foi et qui façonne notre humanité». Le destinataire du document n’est pas précisé, mais le propos laisse entendre qu’il s’adresse d’abord aux chrétiens.
Contre le cynisme
«Autant les personnes qui s’engagent dans la vie politique que celles qui auront à les élire sont appelées à se laisser éclairer et interpeller par la vision du monde qu’inspire l’Évangile», écrivent les évêques, appelant à rejeter du même souffle le cynisme qui accompagne parfois cet exercice démocratique.
Une vision du monde évangélique qui passe d’abord par «la dignité de chaque personne humaine, du moment de sa conception jusqu’à sa mort naturelle», mais aussi par le respect de la liberté de conscience, de l’accueil de l’autre dans ses différences, de la sensibilité aux personnes réfugiées et déplacées, à celles fragiles et démunies. Une vision qui invite également «à chercher une juste répartition de la richesse collective».
Discernement personnel
Les évêques, on l’aura compris à la lecture de cette liste, optent ici pour un point de vue équilibré en évitant de trop appuyer sur l’un ou l’autre enjeu.
Ils font à cet égard preuve de lucidité: «Il est toutefois évident qu’aucun programme, quel qu’il soit, ne pourra répondre à toutes nos attentes en tant que femmes et hommes de foi.»
Le document met en garde contre la tentation de ne considérer «qu’un seul critère de discernement» pour attribuer son vote. «Le monde dans lequel nous vivons et celui que nous voulons construire sont des réalités complexes et appellent à un discernement qui tient compte de plusieurs facteurs qui sont parfois, malheureusement, contradictoires entre eux: respect de l’environnement ou développement économique, réduction des impôts ou élargissement des protections sociales, etc. ?»
Les évêques invitent donc chaque électeur à faire preuve de discernement en se renseignant, en réfléchissant et en discutant des différentes propositions partisanes. Surtout, ils invitent à ne pas céder au fatalisme devant la complexité des enjeux. «Les difficultés que rencontre parfois une société comme la nôtre ne devraient pas inspirer un appel au renoncement, mais pousser à l’action en vue d’édifier un monde plus juste et fraternel», écrivent-ils.