Le gouvernement canadien prolonge de sept jours la date à laquelle les groupes peuvent présenter leur demande de financement au programme Emplois d’été Canada 2018. Il précise aussi quels projets, soumis par des groupes religieux, seront jugés admissibles ou seront rejetés.
Le vendredi 2 février, date initialement prévue pour la remise des dossiers auprès d’Emploi et Développement social Canada, la ministre Patty Hajdu a annoncé que date butoir était maintenant fixée au 9 février 2018.
L’annonce était accompagnée d’une invitation spécifique aux organismes religieux à soumettre une demande afin de créer des «emplois d’été de qualité aux étudiants».
Plusieurs leaders et groupes religieux ont toutefois dénoncé en janvier l’ajout d’une attestation que les organismes doivent dorénavant cocher s’ils souhaitent que leur demande soit étudiée.
Cette clause indique que l’emploi créé et le mandat de l’organisme respectent les droits de la personne ainsi que «les valeurs sous-jacentes à la Charte des droits et libertés et la jurisprudence qui en découle». Les «droits reproductifs et sexuels» des femmes et «l’accès à des avortements sûrs et légaux» font partie de ces droits, précise le formulaire.
Mandat principal
Le 2 février, le gouvernement canadien a ajouté à l’intention des groupes religieux des «informations supplémentaires». On y précise que c’est le «mandat principal» et non pas les croyances d’un organisme que la nouvelle attestation cherche à vérifier.
Les responsables du programme y proposent aussi des exemples qui illustrent les projets qu’ils considéreront comme recevables et ceux qu’ils devront rejeter.
Ils expliquent que la demande d’un «organisme dont les activités principales visent à éliminer ou à activement miner les droits actuels des femmes en matière de procréation» ne sera pas acceptée.
Mais «un organisme confessionnel avec des croyances antiavortement» qui souhaite obtenir du financement pour «embaucher des étudiants pour servir des repas aux sans-abri» serait admissible tout comme «un organisme confessionnel qui adopte une définition traditionnelle du mariage, mais dont les activités principales réduisent l’isolement social chez les aînés».
Au mois de janvier, Mgr Richard Smith, archevêque d’Edmonton, a invité les paroisses et les organismes à ne pas signer cette attestation. Depuis, d’autres évêques et diocèses l’ont imité.
«Cette attestation est inacceptable. Dans les faits, elle empêche tout simplement toute paroisse catholique, organisation ou organisme de bienfaisance d’obtenir un financement pour l’embauche d’étudiants durant l’été», a-t-il alors déploré.
Actuellement en vacances, Mgr Smith n’a pu indiquer si les précisions apportées vendredi par les responsables d’Emplois d’été Canada étaient susceptibles de modifier son jugement sur ce programme.
Mgr Gregory Bittman, évêque auxiliaire à Edmonton, a répondu à la question de l’agence de presse Présence.
«Nous ne pouvons pas signer et nous ne signerons pas cette attestation. C’est non seulement un fausse affirmation – il n’existe pas de droit à l’avortement ou de droits reproductifs – mais cela viole notre liberté de conscience», a-t-il déclaré.
Les organismes sans but lucratif dont les projets d’emplois temporaires sont acceptés par Emplois d’été Canada peuvent recevoir jusqu’à 100 % du salaire horaire minimum de leur province ainsi que le versement des charges sociales obligatoires de l’employeur.