Il est bien fini le temps où les évêques catholiques soufflaient aux oreilles de leurs ouailles la couleur du parti pour lequel ils devaient voter. Malgré tout, la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) tient à rappeler les « principes fondamentaux de l’enseignement moral et social catholique pour aider les électeurs à analyser et à évaluer les politiques et les programmes publics ». Pour ce faire, elle publie le Guide des élections fédérales 2015. Présence a analysé certains engagements des cinq principaux partis en lice à la lumière de ce document.
Le Guide des élections fédérales 2015 tient sur trois pages. Les auteurs, membres de la Commission épiscopale pour la justice et la paix de la CECC, y présentent cinq exemples de la mise en œuvre de l’enseignement moral et social catholique : respect de la vie et de la dignité de la personne de la conception à la mort naturelle, bâtir une société juste, la personne et la famille, le Canada dans le monde et un pays sain dans un environnement sain.
Ce texte se concentre sur le respect de la vie et de la dignité de la personne, la construction d’une société plus juste et l’environnement sain).
La dignité de la personne
Les auteurs rappellent l’opposition de l’Église à l’avortement, à l’aide médicale à mourir ainsi qu’à la peine de mort. Aucun des partis politiques en lice n’adhère pleinement aux positions de l’Église sur cette question, sauf en ce qui a trait à la peine de mort. Toutefois, la marge de manœuvre des partis est limitée puisqu’ils doivent proposer des politiques conformes aux décisions de la Cour suprême relativement à ces dossiers.
Par ailleurs, les évêques canadiens précisent qu’opter pour la dignité de la personne c’est aussi favoriser un plus grand accès aux soins palliatifs. Sur ce dernier point, le Parti vert s’engage à établir et à financer « un programme spécial pour verser des bourses aux sociétés à but non lucratif afin de créer des centres de soins palliatifs ».
Dans son dernier budget, le Parti Conservateur avait débloqué des fonds pour la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé. Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a quant à lui déjà mentionné qu’il est important de se demander si les Canadiens « ont un accès équitable à des soins palliatifs de qualité ». Le Nouveau Parti démocratique (NPD) s’est prononcé sur la nécessité d’ « assurer à tous les Canadiens un meilleur accès aux soins palliatifs et aux soins à domicile ».
Bâtir une société plus juste
Les évêques se préoccupent entre autres des autochtones, du logement social et des sans-abri. Sur ces questions, l’engagement des partis ainsi que leur bilan diffèrent. En ce qui concerne la question des peuples autochtones, le Parti libéral, le Bloc québécois, le Parti vert et le NPD s’entendent tous sur la nécessité d’améliorer leur sort. Par contre, le Parti conservateur a été vivement critiqué par le Comité des droits de l’homme de l’ONU. Il a recommandé de leur fournir les besoins essentiels […], les services de soins aux familles et aux enfants ».
En ce qui concerne l’itinérance et le logement social, le Parti conservateur a mis sur pied un programme d’aide au logement pour les itinérants qui a été plus ou moins bien accueilli. De plus, il n’a pas encore renouvelé les subventions d’aide aux logements sociaux qui arrivent à échéance.
Le Parti vert s’engage dans son programme à ce que « l’itinérance ne soit plus un problème au Canada d’ici 2019 ». Les autres partis s’engagent à renouveler les subventions liées aux logements sociaux et aux coopératives.
Un pays sain dans un environnement sain
Les évêques précisent que protéger l’environnement c’est « mettre en œuvre des pratiques de gestion environnementale responsables », réduire les gaz à effet de serre, réduire notre dépendance aux combustibles fossiles.
Le bilan du Parti conservateur a régulièrement été critiqué par divers organismes, scientifiques et politiciens au cours des dernières années. Les autres partis s’engagent tous à redresser la situation.
Le Parti vert, en toute logique, est celui qui présente le programme le plus écologique. Notons que sa chef Elizabeth May a invité les Canadiens à lire l’encyclique du pape François. Le Parti libéral s’engage entre autre à supprimer « progressivement les subventions accordées à la production de combustibles fossiles, comme le Canada s’est engagé à le faire au G-20 ». Il veut également créer des emplois verts. Le Bloc québécois affirme dans son programme qu’il « continuera notamment à exiger des actions concrètes pour lutter contre les attaques portées à l’environnement ». Le NPD stimulera « la production d’énergies renouvelables et abaissera les émissions de gaz à effet de serre. Il fera payer les gros pollueurs. Et il renforcera les lois qui protègent les lacs et les rivières du Canada ».
Les catholiques devant des choix difficiles
La Commission pour la justice et la paix rappelle que même si cela est difficile, les catholiques doivent choisir en tenant compte du message de l’Église. En effet, aucun parti ne rencontre véritablement tous les idéaux de la conférence épiscopale.
Dans une courte entrevue accordée à Présence, Mgr Lionel Gendron, évêque de Saint-Jean-Longueuil et président de la commission, appelle donc les électeurs catholiques à se demander si ce qui est fondamental pour eux est compatible avec le programme des partis politiques en lice et de voter en conséquence.
Le Guide des élections fédérales est disponible sur le site de la CECC.