L’archidiocèse de Montréal ne souhaite ni confirmer ni infirmer que l’enquête archivistique que Mgr Christian Lépine avait commandée en mars 2019 sur les abus sexuels commis par des prêtres diocésains au cours des 70 dernière années «n’a toujours pas débuté».
C’est pourtant ce qu’affirme un article publié par le quotidien Le Devoir le samedi 24 octobre 2020.
Au terme d’un échange de courriels avec la directrice des communications de l’archidiocèse de Montréal, Erika Jacinto, la journaliste Magdaline Boutros conclut que l’archevêché a «décidé d’attendre la fin d’un autre audit externe avant de lancer l’enquête sur l’ensemble des dossiers d’archives» souhaitée 19 mois plus tôt par Mgr Lépine.
Présence a demandé à deux reprises, samedi et dimanche, de pouvoir discuter avec l’archevêque de Montréal non seulement du report de cette enquête mais aussi du fait qu’elle n’ait jamais été même enclenchée. «Nous ne ferons pas de commentaire dans l’immédiat», a répondu la directrice des communications.
Le 27 mars 2019, l’archevêque de Montréal avait convié quelques journalistes triés sur le volet pour leur confier qu’il venait de donner le mandat à la juge à la retraite Anne-Marie Trahan de consulter les archives régulières et secrètes de l’archidiocèse. Il lui demandait de mener une enquête sur «le nombre et la nature d’allégations d’abus sexuels commis sur des mineurs par des membres du clergé catholique romain et de leur personnel de 1950 à nos jours».
Les archives sur les prêtres des diocèses de Joliette, de Saint-Jean-Longueuil, de Saint-Jérôme et de Valleyfield seraient aussi dans la mire de la juge Trahan. Chaque évêque décidera, au terme de cette enquête, s’il va lancer ou non des procès canoniques contre des prêtres qui seraient toujours vivants, avait indiqué l’archevêque de Montréal en mars 2019.
«On prend au sérieux les allégations aujourd’hui», avait aussi déclaré Mgr Lépine à Présence. «Mais on veut aussi revoir l’histoire de ces allégations, comment les plaintes ont été accueillies, comment les victimes ont été accueillies au fil des années. On veut un audit externe qui nous aidera à voir clair dans notre histoire tout en protégeant des personnes innocentes.»
Quelques semaines après cette annonce, la juge à la retraite Anne-Marie Trahan avertissait l’archevêque qu’on lui avait diagnostiqué un cancer. Elle en est décédée le 12 juillet 2019. Au lendemain de ses funérailles, Erika Jacinto avait déclaré que l’enquête irait de l’avant malgré tout. «Nous nous mettrons rapidement au travail pour trouver une personne digne de confiance pour lui succéder», avait assuré l’attachée de presse de Mgr Lépine. «Il en va de la crédibilité de l’exercice.»
«Tout sera mis en œuvre pour terminer l’audit dans les temps», avait-elle aussi indiqué tout en reconnaissant qu’il était «fort probable que l’exercice connaisse un certain retard». L’enquête dans les archives diocésaines devait débuter en septembre 2019. Le rapport final était attendu en mars 2021.
En novembre 2019, Mgr Christian Lépine a commandé une seconde enquête externe indépendante à une autre juge à la retraite, Pepita G. Capriolo. Dans ce cas, l’archevêque disait vouloir comprendre pourquoi il a fallu près de 20 ans avant que les abus sexuels commis par Brian Boucher, un prêtre montréalais, ne soient connus des autorités diocésaines.
«Je veux savoir qui savait quoi et quand il l’a appris», a lancé avec fermeté Mgr Lépine lors d’une entrevue téléphonique.
Arrêté en janvier 2017, l’abbé Brian Boucher a été condamné à huit ans de pénitencier le 25 mars 2019.
C’est cette enquête, confiée à la juge à la retraite Capriolo, qui «a été priorisée» par l’archidiocèse de Montréal, a indiqué, dimanche, la porte-parole de Mgr Lépine. Elle promet que «l’archidiocèse fournira sous peu une mise à jour relativement à ces deux audits».
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