À 15 h 15, le vice-président de la Chambre des communes, le député Anthony Rota, a posé cette question: «Le député a-t-il le consentement unanime de la Chambre pour présenter la motion?»
Plusieurs «D’accord» ont été entendus. Puis, le député conservateur Garnett Genuis a répondu «Non».
Pas d’unanimité donc pour la motion présentée quelques minutes plus tôt par le député ontarien Charlie Angus demandant au pape François de venir au Canada afin de présenter des excuses aux Autochtones.
Cette motion sera présentée de nouveau aux députés de la Chambre des communes afin qu’elle soit débattue et votée, a assuré le député de Timmins-Baie James.
«Les évêques sont venus au Parlement pour faire dérailler nos efforts. Les conservateurs ont utilisé des tactiques pour retarder cette motion. Mais la justice prévaudra pour les survivants des pensionnats», a déclaré Charlie Angus.
Deux heures plus tôt, informés de la teneur de la motion parlementaire qui serait déposée, le président et le vice-président de la Conférence des évêques catholiques du Canada ont tenu une conférence de presse à Ottawa afin de de «clarifier les malentendus» et de corriger «l’information erronée diffusée par les médias» concernant les excuses du pape aux Autochtones du Canada.
Les arguments des évêques ont rapidement été taillés en pièce par les députés néodémocrates Romeo Saganash et Charlie Angus et par le sénateur Murray Wilson, qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation, lors d’une autre conférence de presse qui a suivi celle des dirigeants de la conférence épiscopale.
«Je ne suis pas très souvent ébranlé, mais j’ai été bouleversé par les propos légalistes et sournois (legal weasel words) des évêques qui sont venus au Parlement pour prétendre qu’il n’y a pas d ‘«entité» juridique nommée Église catholique», a écrit le député Angus dans sa page Facebook.
Selon lui, les évêques voulaient «éviter leur obligation de présenter des excuses pour la mort de milliers d’enfants autochtones et pour les abus et les agressions sexuelles vécus par beaucoup d’autres».
«J’ai grandi dans cette Église. J’y ai appris l’importance de la justice. Mais ces dirigeants étaient seulement intéressés à réduire leurs responsabilités et à réécrire l’histoire de ces abus institutionnels horribles», a-t-il ajouté.
Le député Garnett Genuis (Sherwood Park-Fort Saskatchewan) a expliqué pourquoi il s’était opposé à l’adoption de la motion présentée à la Chambre des communes.
«Le NPD a tenté d’isoler l’Église catholique dans une motion parlementaire. Même si toutes les entités catholiques impliquées se sont déjà excusées, elles sont aujourd’hui pointées du doigt par cette motion hautement trompeuse», a-t-il réagi sur sa page Facebook.
Le texte de la motion
Que la Chambre demande à la Conférence des évêques catholiques du Canada:
a) d’inviter le pape François à venir au Canada afin de présenter des excuses aux Autochtones, au nom de l’Église catholique, comme le prévoit l’appel à l’action no 58 dans le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, pour le rôle joué par cette Église dans le système des pensionnats autochtones;
b) de respecter son obligation morale ainsi que l’esprit de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006 et de recommencer à faire tout son possible pour recueillir la somme convenue;
c) de faire constamment des efforts pour remettre les documents demandés aux survivants des pensionnats, à leur famille et aux spécialistes qui s’efforcent de comprendre pleinement l’horreur du système de pensionnats, afin de favoriser la recherche de la vérité et la réconciliation.