Des dirigeants catholiques de partout sur Terre ont fermement condamné les attentats terroristes de Paris et de Beyrouth, villes auxquelles ils ont offert leurs condoléances et leurs prières.
«Le temps est venu de faire front commun d’un bout à l’autre de la planète afin lutter contre le terrorisme. Le temps est aussi venu d’agir sur les causes qui permettent au terrorisme de prospérer, c’est-à-dire le sentiment d’oppression, la haine, le fanatisme et les déficiences des systèmes d’éducation. Et ce, sans jamais sombrer dans le double discours.»
C’est en ces termes que l’Assemblée des évêques catholiques de la Terre sainte a condamné les attentats de Paris et de Beyrouth.
Ces évêques ont dit souhaiter l’unification des «forces du bien», c’est-à-dire «l’union de tous les pays et des fidèles de toutes les religions afin de juguler la violence, laquelle se déploie dans le monde avec une brutalité toujours croissante». Sinon, disent-ils, cette violence va, «un jour ou l’autre», embraser toute la planète.
«Nous tenons à exprimer notre solidarité pleine et entière avec le peuple français et le peuple libanais, de même qu’avec les victimes du terrorisme et leurs familles, que ce soit à Paris, à Beyrouth ou ailleurs dans le monde.»
«Nous prions le Tout-puissant afin qu’Il apporte consolation et apaisement à celles et ceux qui sont affligés par le deuil». Les évêques de la Terre sainte affirment prier également pour l’âme des «prédicateurs et des zélateurs du terrorisme, afin que ceux-ci amendent leur conduite et amorcent un sincère repentir.»
Le 14 novembre, l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques du Liban s’est réunie à Beyrouth. Cette réunion s’est tenue le lendemain des attentats terroristes de Paris qui ont fait au moins 129 morts et des centaines de blessés. Et deux jours après le double attentat suicide perpétré dans les banlieues Beyrouth qui a coûté la vie à 46 personnes et qui en a blessé au moins 200. Le groupe armé État islamique a revendiqué la responsabilité de tous ces attentats.
L’assemblée épiscopale libanaise «condamne vigoureusement cet acte criminel et demande aux Libanais de contribuer à la lutte au terrorisme».
Les patriarches et évêques du Liban ont également condamné «avec véhémence» les attentats de Paris, en plus d’offrir leurs condoléances et leurs prières afin de «réconforter les âmes des défunts, de soulager celles des personnes blessées et de pacifier celles des autres».
Les prélats libanais ont dénoncé les violences dont sont l’objet les chrétiens et les autres minorités ethno-religieuses de la Syrie et de l’Irak. En plus de lancer un vibrant appel aux grandes puissances et à la communauté internationale afin qu’elles «résolvent ce conflit de manière pacifique».
Faisant allusion aux projets de partition de la Syrie avancées par certains interlocuteurs — projets d’ailleurs rejetés par les Églises orientales —, les prélats libanais ont rappelé que les traités de paix qui seront signés devront être conforme au droit international et faire en sorte «que les droits des peuples concernés soient respectés et que l’intégrité territoriale des États soit protégée».
Aux yeux des évêques et des patriarches libanais, «l’enlisement des conflits et la détérioration des crises humanitaires au Moyen Orient ne sont pas uniquement l’œuvre des pays et des peuples de cette région». Au contraire, disent les prélats: c’est désormais une responsabilité qui doit être «partagée par toute la communauté internationale».
Les attentats de Paris vus de Londres et de Bruxelles
Le monde catholique est également en état de choc depuis les horribles attentats de Paris. Des messages de condoléances provenant des quatre coins du monde ont été adressés à l’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois. Un deuil national de trois jours a d’ailleurs été mis en place en France, au lendemain des attentats.
À Londres, le cardinal Vincent Nichols, archevêque de Westminster et président de la Conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles, s’est empressé de prendre la défense des musulmans ordinaires, lesquels ne sauraient être tenus responsables de ces massacres.
Dans un communiqué émis le 14 novembre, le cardinal Nichols disait souhaiter que les communautés musulmanes de France et d’Angleterre ne soient pas «prises à partie en raison des actes violents et impitoyables commis par des extrémistes». L’archevêque de Westminster a plutôt réitéré son appui au dialogue national, de même qu’au développement d’une culture de la paix et de la coopération.
À Bruxelles, le 14 novembre, le père Patrick Daly, secrétaire général de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne, a émis un communiqué dans lequel il invite les pays européens à se concerter et à coordonner leurs efforts afin de faire face à cette crise.
«Il est crucial pour l’Europe de présenter un front uni face à la menace terroriste, de la même façon qu’elle doit être unie et donc forte dans sa politique étrangère et de défense», dit-il.
«Les forces qui menacent actuellement les Européens transcendent les frontières nationales. Il est donc impératif que les 28 chefs d’État et de gouvernement européens travaillent davantage ensemble et de manière plus efficace: il en va de la sécurité des Européens, de notre liberté et de l’avenir de notre vivre-ensemble», ajoute le père Daly.
L’EI menace aussi les Philippines
L’État islamique (EI) affirme que les attentats de Paris ont été perpétrés en représailles aux bombardements de l’aviation militaire française contre des cibles djihadistes en Syrie.
Le 16 novembre, l’EI a publié une vidéo proférant des menaces de représailles à l’égard de tous les pays s’étant engagés à combattre les djihadistes de Daesh en Syrie et en Irak. La vidéo menace de perpétrer des attentats à Washington, en raison de l’intervention militaire des États-Unis dans la région.
Quelques heures à peine après les attentats de Paris, l’EI a publié une vidéo dans laquelle des hommes armés et masqués menaçaient de lancer un attentat aux Philippines. [Ndlr: Les Philippines sont aux prises avec des guérillas musulmanes indépendantistes et avec des milices djihadistes affiliées à l’EI (le groupe Abou Sayyaf, par ex.), lesquelles sont actives dans le sud de l’archipel]. Les Philippines sont présentement l’hôte d’un sommet de l’APEC (Forum de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique) — sommet auquel participent d’ailleurs le président américain Barack Obama et le premier ministre du Canada Justin Trudeau.
Dans leur vidéo, les djihadistes menacent le gouvernement philippin «de journées sombres à venir. Nous vous terroriserons, jusque dans votre chambre à coucher. Vous ne trouverez jamais le sommeil. Nous allons vous tuer et vous détruire», disent les hommes armés.
Selon l’agence de presse catholique Ucanews, les indépendantistes musulmans du sud des Philippines auraient pris leurs distances à l’égard des attentats de Paris. Le Front de libération islamique de Moro a sévèrement condamné les «actes de violence aveugle et aléatoire» ayant été commis à Paris. Ce groupe indépendantiste dit s’opposer aux «actes de terreur qui ciblent l’humanité dans son ensemble, de même que les peuples pacifiques».
Les évêques catholiques philippins ont demandé à leurs diocésains de prier pour les terroristes et pour leurs victimes «afin que leurs âmes soient à nouveau habitées par un état d’esprit pleinement humain».
Aux yeux de Mgr Socrates Villegas, président de la Conférence des évêques des Philippines, «le terrorisme n’a pas sa place dans une société civilisée. Causer la mort du moindre être humain est un grave péché aux yeux de Dieu et un crime contre l’humanité».
Le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, a invité ses concitoyens à «faire front commun avec les trop nombreuses personnes qui souffrent et qui sont victimes de violence».
«Il n’est plus possible», dit-il, «de nous replier sur nous-mêmes, ni d’ignorer ce qui se passe ailleurs sur la planète». Selon lui, l’Église catholique n’est pas différente du reste de la communauté internationale: elle est, dit-il, «triste et en état de choc», au lendemain de ces attentats meurtriers.
Le centre KAICIID
Les attentats parisiens ont également été sévèrement condamnés par le centre KAICIID. Basé à Vienne, en Autriche, cet organisme international fait la promotion du dialogue interreligieux et interculturel. Il réunit des chrétiens, des juifs, des musulmans, des bouddhistes et des hindous. Les dirigeants du centre KAICIID ont qualifié les attentats de Paris de «meurtres méprisables et prémédités».
Ils ont invité «les peuples épris de paix à résister à la peur, à faire front commun et à condamner sans réserve les actes de violence commis au nom d’une religion, quelle qu’elle soit».
Simon Caldwell, Judith Sudilovsky et Doreen Abi Raad, Catholic News Service
Trad. et adapt. Présence – information religieuse