L’Auberge de la basilique appartenant aux pères rédemptoristes de Sainte-Anne-de-Beaupré restera définitivement fermée. La congrégation a pris cette décision au début du mois de décembre dans le cadre de son chapitre décisionnel.
«C’est un fait que l’auberge ne rouvrira pas », a confirmé la vice-rectrice de la basilique, Assunta Bouchard, lors d’un entretien téléphonique le 12 décembre.
Elle a expliqué que les dépenses de 800 000 $ qui auraient été nécessaires pour faire la mise aux normes du bâtiment ont lourdement pesé dans la décision des rédemptoristes.
Fermée depuis l’automne, l’auberge située sur la rue du Sanctuaire, directement en face de la basilique, ne rouvrira donc jamais. C’est le deuxième bâtiment important du sanctuaire à connaître un tel sort cette année, puisque que les pères avaient aussi annoncé en février dernier la fermeture du Musée de sainte Anne.
Selon Mme Bouchard, aucun des deux bâtiments n’est à vendre et leur avenir reste incertain.
Questionnée sur une rumeur selon laquelle les rédemptoristes pourraient délaisser leur monastère adjacent à la basilique pour loger dans le bâtiment du musée ou de l’auberge, elle a indiqué que cette idée circule mais qu’aucune démarche concrète n’a été faite en ce sens.
«On va centrer nos énergies sur ce qui est l’élément principal pour nous: la basilique et l’accueil du pèlerin. Même si on ferme une bâtisse, on va continuer de prioriser l’accueil des pèlerins», assure-t-elle.
La basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré devient ainsi le premier sanctuaire majeur au Québec à ne plus offrir un service d’hébergement et de restauration spécifiquement adapté à une clientèle pèlerine.
Des signes avant-coureurs
L’été dernier, plusieurs organisateurs de pèlerinage avaient manifesté leur mécontentement lorsque les rédemptoristes ont annoncé qu’ils n’offriraient plus de service de cafétéria dans l’auberge. Les pères avaient finalement consenti à ce qu’une firme extérieure assure une grande partie du fonctionnement de l’auberge pour l’été 2017. Plusieurs organisateurs de pèlerinages craignaient que cette décision n’annonce la fermeture prochaine du lieu.
Devant la diminution des services à l’auberge, le plus ancien pèlerinage américain à venir à Sainte-Anne-de-Beaupré, le Ahearn Memorial Pilgrimage, a d’ailleurs annoncé que l’été 2017 était son dernier.
L’une des particularités de l’auberge concernait la présence des installations nécessaires pour faciliter les soins de personnes handicapées ou à mobilité réduite. Pour plusieurs groupes qui comptent de tels pèlerins, l’auberge devenait un choix de prédilection.
«Nous avons informé tous nos groupes de la fermeture de l’auberge. Chez certains, il y a une déception et c’est normal. Mais d’autres comprennent très bien. On va faire des démarches dans les semaines à venir pour voir quelle entente on peut prendre avec [les autres hôteliers] autour de la basilique», a confirmé Mme Bouchard.
Il n’a pas été possible de parler au supérieur de la province rédemptoriste de Sainte-Anne-de-Beaupré, le père Charles Duval, puisque ce dernier est en Haïti pour quelques jours. Cependant, il avait affirmé en juillet dernier que sa communauté était en réflexion.
«On n’est pas des aubergistes! Mais on avait l’Auberge parce qu’on avait le nombre, confiait-il à Présence il y a quelques mois. Cette année, le pas qu’on a pris, c’est de dire que ce n’est plus nous qui la gérons. Une autre compagnie. Pour simplifier les choses, on a décidé qu’il n’y aurait pas de repas. Ça ne veut pas dire qu’elle fermera, mais on se donne une année pour voir ce qui est possible.»
Invité à commenter la situation, le cardinal Gérald Lacroix ne voulait pas trop s’aventurer pour l’instant, mais il a confirmé que l’archidiocèse s’intéresse «énormément» à ce dossier, puisque c’est l’archevêque de Québec qui a confié la gestion du sanctuaire aux pères rédemptoristes au XIXe siècle.
«On se fait proche [d’eux] et on réfléchit ensemble», a-t-il simplement indiqué.
Quant au responsable du plus grand pèlerinage annuel à se rendre à Sainte-Anne, Michael Budge, il préférait ne pas commenter à ce stade-ci. L’été dernier, son groupe comptait 560 personnes en provenance de diocèses québécois et ontariens de la région d’Ottawa et Gatineau. Ce groupe avait l’habitude de bénéficier des services de l’auberge année après année.