«Gregory était un prophète de notre temps, non seulement parce qu’il dénonçait inlassablement toutes sortes d’injustices autour de lui, dans l’Église et dans la société, mais aussi parce qu’il vivait une foi profonde et une espérance dans ce temps d’incrédulité et d’incertitude.»
Gregory Baum aurait certainement hoché la tête en entendant le théologien Michel Andraos, dans l’homélie qu’il a prononcée lors de ses funérailles, le traiter de prophète.
Dans son plus récent livre Et jamais l’huile ne tarit (Fides), son «itinéraire théologique» maintes fois cité samedi lors de la célébration tenue à l’église Saint-Pierre-Apôtre, Gregory Baum se définissait plutôt comme un «théologien pratique, touché par les problèmes troublants de notre temps, qui essaie de les interpréter et d’y réagir à la lumière de l’Évangile».
Les personnes présentes samedi – des théologiens, de nombreux religieux, des militants de gauche, quelques syndicalistes et des membres d’autres Églises ou de traditions religieuses – ont tenu à lui rendre hommage et à «célébrer sa vie, le cadeau qu’il était pour nous, l’amitié pour chacun de nous, que nous le connaissions depuis cinquante ans, ou que nous venions de le connaître l’année dernière», a ajouté Michel Andraos, professeur de théologie à la Catholic Theological Union de Chicago.
Gregory Baum, un peritus (expert) lors du concile Vatican II, est décédé le mercredi 18 octobre 2017 à Montréal. Il était âgé de 94 ans.
Le fil conducteur de la plupart des écrits de ce théologien aura été «sa réflexion constante sur le renouveau de l’Église».
«Avec audace, sans relâche, et obstinément, mais doucement la plupart du temps, il a préconisé une Église qui doit continuellement évoluer et se rendre pertinente», a indiqué l’homéliste.
«Gregory vivait déjà cette Église renouvelée qu’il passait sa vie à édifier. Ses valeurs, son style de vie simple et discipliné, ses engagements politiques et sociaux, son enseignement, son écriture et son dévouement étaient déjà dans cette nouvelle Église.»
Les prières universelles ont ensuite évoqué le dialogue œcuménique et la dignité humaine, deux préoccupations dans l’œuvre du théologien récemment décédé.
«Affermis en nous des capacités de dialogue constructif entre citoyens de bonne volonté et croyants de différentes Églises et religions», ont demandé les participants.
Puis, dans cette église située au cœur du Village gai de Montréal, ils ont aussi supplié Dieu «de conduire l’Église catholique vers une pleine inclusion des personnes homosexuelles ou transgenres dans un esprit de compassion et de fraternité universelle».
L’inhumation des cendres du défunt aura lieu le mardi 7 novembre 2017 au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges.