Le samedi 27 janvier, jour des funérailles du père Emmett Pops Johns, le drapeau du Québec sera en berne à l’Assemblée nationale, a annoncé le premier ministre Philippe Couillard aux personnes réunies le mercredi soir 18 janvier à la place Émilie-Gamelin.
Après avoir observé une minute de silence, trois politiciens et des membres de Dans la rue, l’organisme qu’il avait fondé en 1988, ont rendu hommage à Pops décédé quelques jours plus tôt à l’âge de 89 ans.
«Pops aimait profondément Montréal. Il aimait les gens, il aimait les jeunes», a d’abord lancé Valérie Plante, mairesse de Montréal et première politicienne à s’adresser aux quelque 200 personnes rassemblées à l’angle des rues Berri et Sainte-Catherine.
Lorsqu’elle a travaillé en milieu communautaire, «dans une autre vie», la nouvelle mairesse a rencontré à quelques reprises le père Pops, le surnom que les jeunes ont toujours utilisé. En 1988, le prêtre s’était procuré un véhicule motorisé usagé sur lequel il avait inscrit le nom de Le Bon Dieu dans la rue. Il parcourait les rues de Montréal la nuit afin d’y accueillir les jeunes itinérants qu’il croisait.
«Ce qui m’a toujours frappée chez lui, c’étaient son sourire et ses yeux qui brillaient. Des yeux accueillants qui invitaient à la confession», dit Valérie Plante. «Et c’est précisément ce que des centaines de jeunes ont trouvé dans les yeux de Pops, une lueur d’espoir dont ils avaient besoin alors qu’ils traversaient un moment difficile ou qu’ils se sentaient rejetés.»
Aider sans juger
Parlant au nom du premier ministre Justin Trudeau, le député Marc Garneau a souligné la grandeur de cet homme «qui n’a jamais cherché de reconnaissance personnelle».
Le père Johns «a rappelé à chacun d’entre nous que l’amour et la bonté étaient possibles et que nous devons toujours traiter les êtres humains avec respect et dignité».
«Pops ne manquait jamais une occasion de tendre la main à ceux qui en avaient le plus besoin. Que ce soit par un café, un repas chaud ou un simple sourire, il aura marqué la vie de dizaines de jeunes Montréalais», a ajouté le ministre des Transports.
«Aider sans juger était sa philosophie», a répété Marc Garneau, le député de la circonscription Notre-Dame-de-Grâce – Westmount. «C’est désormais collectivement à notre tour de reprendre le flambeau et de perpétuer son héritage».
Sauver des vies
«Pops a sauvé des vie pendant toute son existence», a déclaré le premier ministre Philippe Couillard. «Pour cette raison, le Québec doit toujours garder sa mémoire.»
En plus de mettre en berne le drapeau du Québec lors des funérailles du prêtre, le premier ministre a annoncé que le gouvernement allait dorénavant remettre un prix d’excellence à une personne du Québec qui s’est illustrée au service des jeunes.
«Nous n’avions pas encore de nom pour ce prix. Nous l’avons maintenant. Ce sera le prix Emmett Johns», a-t-il lancé. L’initiative a été saluée par des applaudissements tandis que quelques voix se sont élevées afin de demander que le père Johns obtienne des funérailles nationales. Le premier ministre n’a pas réagi à cette demande.
Chef de la Coalition Avenir Québec, François Legault était présent, parmi la foule, mercredi soir. Il tenait à rendre hommage à «un homme exceptionnel, un prêtre qui avait le temps d’écouter sans juger, d’accompagner et de donner de l’espoir».
Mgr Alain Faubert, évêque auxiliaire à Montréal, assistait aussi à cet hommage, aux cotés de l’abbé Claude Paradis, fondateur de l’organisme Notre-Dame-de-la-Rue et, aux débuts du Bon Dieu dans la rue, adjoint du père Johns. Ni l’abbé Paradis, ni Mgr Faubert n’ont pris la parole lors de cette soirée.
Plus tôt dans la journée, l’archidiocèse de Montréal a annoncé que les funérailles du père Emmett Johns seraient présidées par Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal, le samedi 27 janvier à la basilique Saint-Patrick de Montréal.