«Le père Yvon Chalifoux nie fermement les allégations à son sujet et collaborera activement avec les tribunaux», a annoncé le 8 décembre après-midi l’archidiocèse de Québec dans son compte Twitter.
C’est que le nom du curé de la paroisse Notre-Dame-de-Foy à Québec, Yvon Chalifoux, se retrouve dans une requête déposée vendredi par le cabinet d’avocats Kugler Kandestin.
Il y a trois semaine, Kugler Kandestin avait demandé à la Cour supérieure du Québec d’autoriser un recours collectif contre l’Ordre des Servites de Marie, une congrégation religieuse présente au Québec depuis plus de 100 ans.
La requête alléguait qu’un homme, aujourd’hui âgé de 57 ans, aurait été «agressé sexuellement de manière systématique par le père Jacques Desgrandchamps», membre de l’Ordre des Servites de Marie, alors qu’il était âgé de 12 ans et qu’il était pensionnaire au Collège Notre-Dame-des-Servites d’Ayer’s Cliff en Estrie.
Le 8 décembre, les avocats ont amendé leur demande parce que «de nombreuses nouvelles victimes se sont manifestées afin de dénoncer des agressions sexuelles perpétrées non seulement par le père Desgrandchamps, mais également par plusieurs autres religieux». Les noms de huit religieux, dont celui d’Yvon Chalifoux, ont été ajoutés à la requête initiale.
Le curé de la paroisse Notre-Dame-de-Foy «a annoncé qu’il se retirait de son ministère pastoral jusqu’à la fin des procédures», a aussi indiqué l’archidiocèse de Québec qui ajoute que «conformément au protocole diocésain d’allégation d’inconduite, d’agression sexuelle commises par des membres du clergé ou des personnes mandatées en pastorale, la suspension est automatique lorsque que se présente une telle situation».
Outre Jacques Desgrandchamps et Yvon Chalifoux, les noms de Robert Desloges, André Cotton, Bernard Lajeunesse, Michel Lussier, Gilles Poirier, André-Marie Syrard et Raymond Délisle se retrouvent dans la nouvelle requête amendée. Quelques-uns d’entre eux ont même dirigé l’Ordre des Servites de Marie au Québec, apprend-on dans le document de 26 pages rendu public hier.
Le document présenté à la Cour supérieure du Québec ne mentionne pas si certains de ces religieux sont aujourd’hui décédés. On indique toutefois que le père Bernard Lajeunesse a oeuvré durant près de trente ans au collège d’Ayer’s Cliff «avant d’être transféré comme vicaire de paroisses à Montréal» et que le père André Cotton, ex-prieur de la communauté, est devenu missionnaire en Afrique.
«Vu le nombre d’agresseurs dénoncés à ce jour, vu le nombre d’années pendant lesquelles ils ont oeuvré au collège, vu le fait que les dirigeants du collège et de la congrégation savaient que des agressions sexuelles se déroulaient et ne sont pas intervenus pour mettre fin à celles-ci, il est raisonnable de croire qu’il y a plus d’une centaine de [victimes], dont la plupart ne se sont pas encore manifestées», estime le cabinet Kugler Kandestin.
Responsable des communications à l’archidiocèse de Québec, Jasmin Lemieux-Lefebvre a réclamé, dans son compte Twitter, la «présomption d’innocence pour le curé de ma paroisse, le père servite Yvon Chalifoux, très apprécié dans notre communauté. Que la justice éclaire la situation le plus rapidement possible».
Présomption d’innocence pour le curé de ma paroisse, le père servite Yvon Chalifoux, très apprécié dans notre communauté. Que la justice éclaire la situation le plus rapidement possible. https://t.co/D5MJEitW3V
— J Lemieux-Lefebvre ن (@jasminll) 8 décembre 2017
Dans un communiqué, l’Ordre des Servites de Marie indique «qu’elle traite cette affaire avec la plus grande attention et condamne tout comportement abusif de nature physique, psychologique ou sexuelle». Elle ajoute que «comme les tribunaux ont été saisis d’une requête, elle réservera ses commentaires pour la Cour.»
«Conformément à la procédure canonique en pareille circonstance, la Province canadienne de l’Ordre des Servites de Marie tient à préciser qu’elle a relevé de leur ministère pastorale, et ce sur le champ, les membres de la Province visés qui sont toujours en vie et ce, jusqu’à la décision finale des tribunaux. Il faut souligner que ceux-ci ont quitté leurs fonctions auprès des élèves du Collège depuis plusieurs années», ont ajouté les responsables de la congrégation.
Bien que le recours collectif n’ait pas encore été autorisé, le cabinet Kugler Kandestin demande aux victimes de se manifester.
«Si vous ou une personne que vous connaissez avez été victime d’agressions sexuelles de la part de père Jacques Desgrandchamps, père Robert Desloges, père André Cotton, père Yvon Chalifoux, père Bernard Lajeunesse, frère Michel Lussier, frère Gilles Poirier, frère André-Marie Syrard, père Raymond Délisle ou de tout autre religieux membre des Servites de Marie, vous pouvez communiquer avec nous afin que nous puissions vous informer de vos droits», indique le site Web de ce cabinet d’avocats spécialisé dans les recours collectifs.