L’archevêque de Vancouver, Mgr Michael Miller a exhorté les catholiques à s’engager face à la vague de surdoses d’analgésiques opioïdes qui secoue la métropole de la Colombie-Britannique. Cette crise, dit-il, «frappe de vastes secteurs de la société, et détruit familles et communautés».
Dans une lettre pastorale du 16 février, Mgr Miller invite ses diocésains à être attentifs aux «signes des temps». Or, à Vancouver, ajoute-t-il, la vague de «surdoses mortelles d’analgésiques sont l’un de ces signes des temps auquel l’Église se doit d’être attentive».
Une «épidémie» de surdoses mortelles
Un rapport récemment publié par le Bureau de coroner de la Colombie-Britannique révélait qu’en 2016, 914 personnes sont décédées d’une surdose d’opioïdes. Le gouvernement de la province considère cette vague de surdoses comme une urgence sanitaire prioritaire. Il s’agit ici d’une hausse de 80% des décès par surdoses en un an.
Aux yeux de Mgr Miller, trois facteurs ont contribué à cette vague de surdoses: la surprescription d’analgésiques opioïdes, les problèmes de santé mentale et l’isolement social.
«J’invite l’Église de Vancouver à faire face à cette crise des surdoses en tendant la main aux hommes, aux femmes et aux jeunes personnes qui souffrent», écrit l’archevêque. Il exhorte ses diocésains à exercer des pressions sur les élus afin qu’ils prennent conscience de l’ampleur de cette crise et qu’ils y répondent en favorisant l’implantation de cliniques et de dispensaires. Mgr Miller demande également aux autorités de faire la promotion de saines pratiques en matière de prescription de médicaments. Il invite également les paroisses à mettre en place des groupes de soutien à l’intention des toxicomanes et offrant un programme en 12 étapes.
S’intéresser aux causes du phénomène
Aux yeux de Shaf Hussain, porte-parole du groupe de santé catholique Providence Health Care, cette hausse soudaine du nombre de surdoses a suscité une prise de conscience collective face à l’urgence d’agir.
«Nous devons impérativement nous pencher sur les causes [de ces surdoses], remonter jusqu’aux origines de notre société et à la trajectoire des individus. Nous devons aussi nous demander pourquoi la vie de ces individus a basculé», ajoute-t-il.
Shaf Hussain reconnaît que plusieurs organismes communautaires viennent déjà en aide aux toxicomanes à Vancouver. «Le défi consiste toutefois à coordonner et à intégrer [de manière cohérente]» les efforts déployés sur le terrain, afin, dit-il «que personne ne nous glisse entre les doigts». Une personne souffrant de dépendance aux opioïdes pourrait se soumettre à un traitement à la méthadone, admet-il. Or, que se passe-t-il si cette même personne souffre également de maladie mentale? Que faire s’il s’agit aussi d’une personne itinérante, aux prises avec divers ennuis de santé, eux-mêmes aggravés par ses séjours prolongés dans la rue? Un traitement à la méthadone serait complètement inefficace dans un cas comme celui-là, opine-t-il.
Shaf Hussain ne tarit pas d’éloges à l’égard de la lettre pastorale de Mgr Miller et son appel lancé aux catholiques de mettre de l’avant des «suggestions pragmatiques» afin d’apporter des solutions à cette crise des surdoses. Il admet que plusieurs groupes communautaires sont à la recherche de volontaires dotés de compétences bien précises afin d’agir plus efficacement.
«Les besoins sont immenses sur le terrain. Tout comme d’ailleurs la nécessité d’agir», admet-il.
Providence Health Care aux premières loges
Selon M. Hussain, l’hôpital St. Paul de Vancouver s’est doté d’une «clinique d’action rapide» destinée aux personnes aux prises avec des dépendances. Cette clinique permet aux toxicomanes d’accéder à un traitement au suboxone, de manière à compléter leur sevrage. Au terme de ce processus de désintoxication, les patients sont référés à des groupes communautaires afin de poursuivre leur guérison.
Le groupe Providence Health Care administre également une clinique offrant des doses médicales d’héroïne ou d’hydromorphone (un dérivé de la morphine) à l’intention des 150 toxicomanes n’ayant pu être sevrés à l’aide de méthadone. Cette clinique est unique en son genre en Amérique du Nord.
Fentanyl et surdoses
Les autorités médicales attribuent au fentanyl – un analgésique opioïde 100 fois plus puissant que la morphine – la récente vague de surdoses mortelles.
Les toxicomanes se procurent toutefois le fentanyl dans la rue, auprès de revendeurs de drogue. Il s’agit cependant de doses frelatées de fentanyl, élaborées dans des laboratoires clandestins. Les revendeurs utilisent aussi le fentanyl pour «couper» (diluer) les doses de morphine et d’héroïne vendues dans la rue. Les toxicomanes courent donc un grave danger de surdose, en raison de la teneur aléatoire de fentanyl contenu dans les stupéfiants qu’ils consomment.
La dépendance aux opioïdes peut être traitée à l’aide de substances de substitution, qu’il s’agisse de méthadone ou de suboxone.
Alicia Ambrosio, Catholic News Service
Trad. et adapt. F. Barriault, pour Présence