Debout, à l’avant de la cafétéria, devant plusieurs dizaines d’itinérants attablés, Aubin Boudreau, directeur général de l’Accueil Bonneau, a rappelé qu’«il y a vingt ans, ici même, à l’heure du lunch, une explosion a fait plusieurs blessés et causé la mort de deux bénévoles et d’une sœur grise».
C’était le 9 juin 1998. Ce jour-là, la façade de l’Accueil Bonneau, un organisme montréalais qui accueille les personnes en situation ou à risque d’itinérance, était soufflée par une fuite de gaz.
«Cet événement tragique s’est transformé en un grand moment de solidarité. Les Montréalais et les Québécois se sont mobilisés pour reconstruire l’Accueil Bonneau en un temps record», a ajouté M. Boudreau.
Quatre mois après l’explosion, le 15 octobre 1998 – il y avait précisément vingt ans lundi -, le bâtiment était de nouveau accessible.
«Nous célébrons aujourd’hui un véritable miracle de solidarité», a expliqué sœur Nicole Fournier, directrice générale de l’Accueil Bonneau en 1998, à la centaine de personnes présentes. Plusieurs d’entre elles ont tenu à saluer la religieuse qui a dirigé cette ressource durant 22 ans.
«Notre problème ce jour-là, c’est que nous n’étions pas certains que les nouvelles cuisines seraient prêtes pour préparer les 700 repas que nous servons chaque jour.»
On fit alors appel à Jean-Pierre Léger, président et chef de la direction du Groupe St-Hubert. Les Rôtisseries St-Hubert ont offert le tout premier repas dans la nouvelle salle à manger. Hier, vingt ans après la réouverture, Jean-Pierre Léger, dorénavant président du conseil d’administration de la Fondation St-Hubert, servait poulet et tarte au sucre aux gens présents.
Ce qui a changé
Deux décennies après la réouverture, «on sait mieux comment s’y prendre pour aider les gens à sortir de la rue», affirme Aubin Boudreau. «Mais ce qui n’a pas changé, c’est qu’on manque toujours de ressources et de moyens pour y arriver.»
Le directeur général de l’Accueil Bonneau, en poste depuis 2009, se réjouit qu’aujourd’hui «les grandes ressources en itinérance à Montréal travaillent de plus en plus ensemble. Elles développent des projets communs afin de mieux aider la clientèle et elles coordonnent les services offerts aux personnes itinérantes.»
La clientèle a aussi changé. «On a maintenant beaucoup de personnes qui ont des problèmes de toxicomanie, de dépendance aux drogues qui sont de plus en plus dures. En situation de manque, elles deviennent souvent colériques ou agressives. C’était une problématique moins présente il y a vingt ans.»
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