Décédé le 13 janvier 2018, Emmett Johns, un prêtre davantage connu sous le nom de Pops, a maintenant une place à son nom à Montréal.
Située à l’arrière de l’édicule du métro Papineau, la nouvelle place Emmett-Johns était fort achalandée, en ce midi du 30 octobre, à l’occasion de son inauguration officielle.
Des dirigeants de la Ville de Montréal, des jeunes de l’organisme Dans la rue – que le prêtre a fondé à l’âge de la retraite sous le nom de Le Bon Dieu dans la rue – et des membres de la famille du père Pops ont d’abord partagé un repas en plein air et puis dévoilé une plaque qui identifiera dorénavant l’endroit.
«C’est touchant de vous voir rassemblés pour rendre hommage à la mémoire d’un si grand homme», a lancé le conseiller municipal Robert Beaudry. «C’était la moindre des choses qu’on lui dédie un espace dans cet arrondissement où il est intervenu durant tant années.»
L’arrondissement de Ville-Marie, où se trouve dorénavant la place Emmett-Johns, «c’est bien sûr le centre-ville de Montréal, les grandes tours, la richesse. Et c’est aussi, malheureusement, un arrondissement où encore aujourd’hui la pauvreté sévit et fait plusieurs victimes, un arrondissement où les inégalités sont très présentes», a-t-il ajouté.
Lui aussi conseiller municipal, Sterling Downey a rendu un vibrant hommage à Pops, un véritable père pour de nombreux jeunes.
«J’étais jeune, j’habitais Verdun et j’aimais sortir avec mes amis, disons-le, un peu fuckés. Je me tenais proche de punks et de skinheads. Les gens nous jugeaient.»
«Une nuit, c’était en 1988, je m’en souviens très bien, je me suis arrêté près de la petite van de Pops pour aller chercher de quoi manger. Pops m’a donné des hot-dogs mais aussi une leçon cette nuit-là», a raconté Sterling Downey, devenu maire suppléant de Montréal.
«Peu importe qui nous étions, peu importe ce que l’on faisait, il ne nous jugeait jamais. Il était ce seul adulte dans nos vies à ne pas chercher à nous critiquer. Si on avait faim, si on voulait parler ou être conseillés, il être toujours prêt à nous accueillir.»
«Quand j’aperçois le bus de Dans la rue, cela me rappelle qui était Pops. On a dorénavant à Montréal un lieu où se rendre pour penser à lui et à tout ce qu’il a été pour nous», a-t-il ajouté, ému.
Tish Filiatrault-Humphries, présente lors de l’inauguration de la place Emmett-Johns, a aussi rendu hommage à son célèbre cousin. «Il aurait été tellement fier de recevoir cet honneur. Pas pour lui bien sûr, mais pour tous ces jeunes de la rue, des rues de Montréal, qu’il a aidés et pour lesquels il a donné sa vie.»
«Du ciel où il est, je crois bien qu’il sourit actuellement de voir tout ce monde réuni ici», a-t-elle déclaré en levant les yeux.
L’abbé Claude Paradis tenait aussi à être présent ce midi à la nouvelle place Emmett-Johns.
«J’ai été, à l’époque, son premier assistant. J’ai travaillé à ses côtés durant 25 ans. Au début, on préparait les sandwichs dans son presbytère, on les déposait dans son vieux station et on se rendait au parc Lafontaine pour les distribuer.»
Il n’hésite pas à dire que «c’est Pops qui m’a appris l’Église. Et c’est Pops qui m’a appris la rue.»
«Je lui dois tellement. Je me devais d’être ici aujourd’hui», dit Claude Paradis, un prêtre de Montréal et le fondateur, en 2013, de l’organisme Notre-Dame-de-la-Rue.
Les jeunes qui fréquentent aujourd’hui l’organisme Dans la rue se souviennent-ils de Pops? «Nous, on parle tout le temps de lui», dit Cécile Arbaud, directrice générale de l’organisme depuis 2013. «Les valeurs de Pops, ce sont toujours les valeurs cardinales de Dans la rue.»
«On travaille aujourd’hui sur plusieurs aspects qui lui tenaient à cœur. Je pense au logement, la santé mentale des jeunes, la prévention, à la sortie des centres jeunesse.»
L’inauguration de la place Emmett-Johns, «c’est une magnifique reconnaissance dont il aurait été très fier», lance-t-elle avant de préciser que «les prix ne le faisaient pas tellement vibrer. Ce qui l’animait, c’est la présence sur le terrain, au quotidien, avec les jeunes».
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