«On a bien l’intention de continuer de faire entendre la voix des travailleurs des institutions religieuses durant cette crise de la COVID-19», dit Lucie Longchamps, la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN.
Dès que le premier ministre François Legault a annoncé que le personnel de la santé et des services sociaux recevrait une prime, son syndicat s’est empressé de s’assurer que les travailleurs des infirmeries des institutions religieuses qu’il représente seraient aussi éligibles.
«On a d’abord contacté chacun des gestionnaires de ces institutions afin d’obtenir des primes semblables à celles offertes dans le secteur public», explique-elle. La fédération syndicale a bien reçu quelques réponses favorables, à Montréal notamment, mais elle a aussi essuyé des refus «parce qu’il y a des institutions qui n’ont carrément pas les moyens de les verser».
«Le réseau public devient alors très attractif», reconnaît-elle. «Les travailleurs y ont des primes, ils gagnent plus cher. Ils ont peut-être aussi le sentiment qu’ils auront ailleurs les équipements de protection nécessaires.»
Dans une lettre remise d’urgence au premier ministre François Legault, l’Association des trésorières et trésoriers des instituts religieux (ATTIR) déplorait aussi que les communautés religieuses qui offrent des services d’infirmerie à leurs membres aient perdu plusieurs membres de leur personnel dès l’annonce gouvernementale.
«Nombre d’employés se sont retirés de leur poste auprès des personnes religieuses, vu les conditions salariales que le gouvernement du Québec a décrétées afin d’attirer les employés qui travaillaient jusqu’à tout récemment auprès d’elles», écrivait sœur Claire Houde, la présidente de l’ATTIR.
Déterminée à obtenir les primes gouvernementales, la vice-présidente de la FSSS-CSN a alors contacté la direction du ministère de la Santé et des Services sociaux. «Là, on nous a expliqué que pour se qualifier, l’institution doit avoir une accréditation comme Résidence pour personnes âgées, Ressource intermédiaire ou Ressource de type familial.»
Pour le gouvernement, déplore la syndicaliste, «les institutions religieuses n’appartiennent à aucune de ces catégories. Elles se retrouvent dans une zone grise.»
Elle a l’intention de poursuivre ses démarches pour que tous les 800 membres de son syndicat qui travaillent dans de grandes infirmeries liées à des congrégations religieuses de Montréal, de Rimouski et de Saint-Hyacinthe, aient accès aux primes salariales. Parce qu’il est important de préserver le très bon lien usagers-travailleurs qu’elle observe dans ces institutions.
«Les employés qui y travaillent aiment les religieuses et ont un très bon lien d’attachement avec elles. Et ce sont des femmes qui sont gentilles avec le personnel. Je suis convaincue que plusieurs hésitent à quitter leur emploi.»
La difficulté qu’elle constate, «c’est qu’actuellement beaucoup de changements doivent être opérés et, dans certaines institutions, on n’a pas les outils nécessaires.»
Dans cette crise, le gouvernement a visiblement oublié les institutions religieuses ainsi que leur personnel, déplore Lucie Longchamps. «Ce sont pourtant des anges gardiens qui doivent être reconnus. Les travailleuses et travailleurs des institutions religieuses font tout ce qu’elles peuvent dans cette période difficile. Ils ont besoin d’une prime et de moyens pour assurer leur protection.»
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