Le 29 janvier 2017 au soir, tout le Québec est violemment ébranlé. Un homme armé fait irruption dans une mosquée de Québec, abat six hommes réunis pour prier et en blesse huit autres. Près d’un an après ces événements tragiques et troublants, Philippe Vaillancourt a rencontré Boufeldja Benabdallah, cofondateur du Centre culturel islamique de Québec. Une entrevue exclusive à lire dans la revue Parabole dans laquelle il se confie sur ses déceptions et ses espoirs.
Extrait:
[…] Bien qu’il règne un silence apaisant dans l’enceinte de la mosquée, des fenêtres fracassées, sobrement recouvertes à l’extérieur, et où on voit encore des trous de balles, ne laissent aucun doute sur la gravité de la violence qu’a connue la communauté musulmane ce soir-là.
M. Benabdallah nous entraîne lentement dans une description de la soirée fatidique. «C’est ici qu’est tombé le professeur Khaled Belkacemi. Il a reçu une balle dans le cœur», dit-il. Son index désigne un carré de tapis irrégulier au sol. «Les équipes de nettoyage n’ont pas réussi à retirer toutes les traces, alors il a fallu couper certains morceaux de moquette.»
Dans sa voix, on ne décèle ni haine ni mépris. Il ne cache pas cependant qu’après tant d’années au Québec, il aimerait voir les étrangers qui partagent sa foi être mieux considérés.
«C’est un échec. J’ai l’impression d’avoir couru, couru, couru, sans parvenir à la ligne d’arrivée de mon marathon. C’est un échec de société», laisse-t-il tomber.