«La réconciliation, ce n’est pas une chose que l’on peut imposer. Et ce n’est pas un état que l’on peut obtenir par une simple déclaration», a lancé dimanche Mgr Fred Hiltz, primat de l’Église anglicane du Canada. «La réconciliation ne doit pas être provoquée. Mais elle doit plutôt émerger. Et cela peut prendre beaucoup de temps.»
L’archevêque Hiltz a partagé ses réflexions sur les relations entre l’Église qu’il dirige et les peuples autochtones lors du 41e Synode général de l’Église anglicane du Canada. Cette rencontre nationale, qui se tient chaque trois années, se déroule jusqu’à mardi dans un hôtel du nord de Toronto.
«Quand je dis « Je m’excuse de ce que j’ai fait de mal », je dois m’effacer, me taire, me faire plus humble, afin de permettre à ceux qui reçoivent mes excuses de les réfléchir. Je dois aussi leur donner le temps pour vérifier si mes prochains gestes correspondent véritablement à mes paroles d’excuses.»
C’est pourquoi Mgr Hiltz a hésité à dire que ce sont tous des «gestes de réconciliation» qui ont été posés au lendemain de la divulgation du rapport et des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada sur les pensionnats autochtones. «Ce sont certainement des « gestes envers la réconciliation ». Ils sont offerts dans l’espoir d’une prochaine réconciliation», a-t-il nuancé.
Quelques gestes de l’Église anglicane sont de véritables signes de réconciliation. Le primat Hiltz a mentionné la nomination d’un premier évêque anglican auprès de l’ensemble des Premières Nations. Il s’agit de Mgr Mark MacDonald, ordonné évêque en 2007. «Sa nomination est le signe d’une nouvelle façon de cheminer ensemble, d’une nouvelle façon d’être Église», a dit Mgr Fred Hiltz.
Au terme de son allocution, le primat a présenté puis béni le nouveau Conseil des aînés et des jeunes, formé de six représentants autochtones. Ce conseil sera responsable de conseiller l’Église anglicane du Canada dans ses relations avec les diverses communautés. «Je voudrais que l’on voit ce Conseil comme un geste « dans » la réconciliation», dit Mgr Hiltz.
Délégués autochtones
Seuls dix-neuf délégués au Synode général – sur 234 – sont des anglicans membres de communautés autochtones.
«Nous avons déjà eu davantage de délégués. C’est un petit nombre», a regretté Mgr Mark MacDonald, l’évêque national auprès des Premières Nations. «C’est même le plus petit nombre depuis les trois derniers Synodes généraux», a ajouté la chanoine Virginia Doctor, coordonnatrice des ministères autochtones auprès de l’Église anglicane du Canada.
Lors d’une conférence de presse tenue dimanche, à la fin des travaux du Synode général consacrés aux questions autochtones, ces porte-parole ont observé que certains diocèses, qui ont pourtant une forte population autochtone, n’ont élu peu ou pas de délégués laïcs en provenance des Premières Nations.
«Peut-être faudrait-il accroître nos efforts pour inviter plus de gens de nos communautés à proposer leurs noms lors des élections pour le Synode général», a suggéré Virginia Doctor.
Les invités et délégués autochtones ont vécu une première lors de ce 41e Synode général. La traduction simultanée des débats en cri et en inuktitut leur a été offerte. L’anglais est la seule langue utilisée lors des allocutions et des discussions. Les documents du Synode général, accessibles aux délégués grâce à une tablette électronique, sont aussi tous en anglais.
L’Église anglicane du Canada compte 225 congrégations autochtones tandis que 130 prêtres sont issus des Premières Nations. Il y a 600 000 anglicans au Canada, regroupés dans 2800 paroisses et 30 diocèses.
Quarante évêques et 83 membres du clergé participent au Synode général. Quant aux laïcs, ils sont au nombre de 86. De plus, chaque diocèse a droit à un délégué jeunesse, âgé de plus de 16 ans et de moins de 26 ans. En tout, 234 personnes ont droit de vote lors de cette rencontre nationale.