Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a demandé au pape François d’aider les Canadiens à «avancer vers une réelle réconciliation» avec les peuples des Premières Nations en faisant des excuses au nom de l’Église catholique pour le rôle néfaste qu’elle a parfois joué dans les relations avec eux au fil des années.
Le premier ministre a parlé à une poignée de journalistes réunis dans le parc Villa Borghese de Rome, le 29 mai, après avoir eu une audience privée de 36 minutes avec le pape François au Vatican.
«Il m’a rappelé que toute sa vie a été consacrée à soutenir les personnes marginalisées dans le monde, en se battant pour elles», a indiqué Justin Trudeau, ajoutant que le pape a déclaré qu’il «attendait avec impatience de travailler avec moi et avec les évêques canadiens à découvrir un chemin vers l’avant ensemble».
Le rapport de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada sur les pensionnats autochtones comprenait une recommandation demandant que le pape vienne au Canada pour s’excuser au nom de l’Église catholique pour sa participation dans cet épisode de l’histoire canadienne.
M. Trudeau a déclaré aux journalistes qu’il a invité le pape à se rendre au Canada «dans les années à venir», mais n’a ajouté aucun autre détail sur un éventuel voyage.
La réunion du Vatican, a-t-il déclaré, a été une occasion d’avoir «une conversation profondément personnelle, vaste et réfléchie avec le chef de ma propre foi».
Pour sa part, le Vatican a publié une déclaration disant que les rencontres du premier ministre avec le pape et avec le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, comprenaient «les thèmes de l’intégration et de la réconciliation, ainsi que la liberté religieuse et les problèmes éthiques actuels».
Justin Trudeau, qui se dit de foi catholique, et les évêques du Canada travaillent en étroite collaboration à la lutte contre les changements climatiques et à l’accueil des réfugiés, en particulier ceux de la Syrie. Cependant, leurs points de vue divergent sur diverses questions morales liées à la sexualité, la famille et l’aide à mourir.
Au début de mars, le gouvernement de Trudeau a annoncé qu’il investirait 650 millions de dollars sur trois ans pour fournir des services d’avortement et d’autres services dans le monde en développement. Le président de la conférence épiscopale, l’évêque Douglas Crosby d’Hamilton, en Ontario, a réagi en qualifiant la politique d’«exemple répréhensible d’impérialisme culturel occidental».
Après la réunion à huis clos, Justin Trudeau a présenté au pape son épouse, Sophie Grégoire, ainsi que les membres de sa délégation, avant d’échanger des cadeaux avec lui.
Trudeau a donné au pape une édition en six volumes des «Relations des Jésuites de la Nouvelle-France», une collection de rapports du XVIIe siècle des missionnaires jésuites dans ce qui est maintenant le Canada. Trudeau a déclaré au pape jésuite que les volumes sont un «outil essentiel pour les historiens» pour comprendre l’histoire du pays. Il a également donné au pape des échantillons encadrés d’un dictionnaire jésuite en montagnais.
Le pape François, content du cadeau, a dit au premier ministre que «c’était une coutume des jésuites» de compiler de tels dictionnaires lorsqu’ils avaient des missions dans de nouveaux pays.
Le pape a donné à Trudeau le médaillon de la quatrième année de son pontificat (2016-17) qui symbolise le pardon, la joie et l’acceptation mutuelle, selon la description du Vatican.
Cette rencontre survenait alors que, de mars à mai, le pape a passé des heures à écouter les évêques canadiens, qui ont fait leurs visites ad limina au Vatican.
Cindy Wooden