L’archevêque de Vancouver, Mgr J. Michael Miller, a publié un rapport du comité d’examen archidiocésain sur les abus sexuels commis par des clercs, le point culminant d’une enquête de plusieurs mois sur les cas d’abus sexuels dans cet archidiocèse depuis 1950. Il s’agit du premier rapport du genre publié par un diocèse au Canada.
Le rapport contient 31 recommandations et réponses et nomme des prêtres de Vancouver qui ont été condamnés au criminel, qui ont été nommés dans le cadre de procès réglés ou qui ont fait l’objet d’autres affaires publiques.
Mgr Miller a accepté toutes les recommandations du comité et a mis sur pied un groupe de travail sur la mise en œuvre afin de mettre au point les détails pratiques des recommandations.
Dans une lettre pastorale qui préfigure le rapport, l’archevêque s’adresse aux victimes d’abus sexuels.
«Je me rends compte qu’aucune expression de regret ne peut réparer l’horreur de ce qui s’est passé», écrit-il dans la lettre, qui a été lue aux messes des 23 et 24 novembre.
«Bien que rien ne puisse réparer le mal qui vous a été fait, je tiens néanmoins à présenter à chacun d’entre vous mes sincères excuses pour le traumatisme, la violation du corps et de l’âme, et le sentiment de trahison et d’abandon que vous ressentez dans l’Église. Pour les occasions où nous n’avons pas réussi à vous protéger ou lorsque nous étions plus préoccupés par la réputation de l’Église que par vos souffrances, je suis vraiment désolé et vous demande pardon alors que je m’efforce de réparer et de panser vos plaies.»
Mgr Miller a déclaré qu’il a fallu «beaucoup trop de temps» à l’Église catholique mondiale pour s’attaquer aux «conséquences particulièrement dévastatrices» des abus commis par les prêtres.
Dans la foulée des scandales d’abus aux États-Unis, et après avoir été encouragé par des victimes d’abus et des militants, Mgr Miller a annoncé en 2018 qu’il enquêterait sur les antécédents de son archidiocèse en matière d’abus. Le processus a duré 13 mois.
Les neuf prêtres nommés dans le rapport auraient agressé des mineurs sur une période d’environ 50 ans à partir des années 1950. Cinq des neuf sont morts. Dans un cas, il s’agissait d’un prêtre qui avait passé trois mois dans une prison de l’Ontario pour grossière indécence et qui avait ensuite servi comme prêtre à Vancouver pendant trois ans avant de «quitter brusquement» et de retourner en Ontario.
Bien que l’archidiocèse connaisse beaucoup d’autres prêtres qui ont agressé des enfants, il ne les a pas nommés en raison des lois sur la vie privée et d’autres obstacles. Selon le rapport, les avocats «travaillent maintenant avec des experts de tout le pays pour trouver des moyens légaux» de faire connaître les noms des prêtres dont la culpabilité est «moralement certaine».
Le rapport souligne que les lois canadiennes sur la protection de la vie privée sont plus restrictives que les lois américaines, qui permettent de publier les noms des prêtres qui sont «accusés de façon crédible».
«Nous devons trouver un moyen d’équilibrer nos obligations légales avec le désir du public de savoir», dit Mary Margaret MacKinnon, avocate de l’archidiocèse.
Le comité comprenait cinq avocats, deux membres du clergé, une religieuse, un psychologue, deux aumôniers de prison, un aumônier d’hôpital, un enseignant du primaire et un coordonnateur ministériel. Quatre membres ont été victimes d’abus de la part du clergé.
Le comité a discuté de 36 cas d’abus par le clergé: 26 impliquant l’abus d’un mineur, sept concernant l’abus d’un adulte, et trois concernant des prêtres qui ont eu des enfants. En juillet, le comité a transmis ses recommandations à Mgr Miller.
Selon le rapport, pour un membre du comité, les «réalisations les plus dévastatrices» étaient que les victimes qui s’étaient manifestées avant le début des années 1990 avaient été obligées de signer des accords de confidentialité, «ce qui signifie que leurs histoires n’ont pas été rendues publiques».
Il y a encore dans cet archidiocèse des gens qui continuent à souffrir en silence, à garder des secrets malsains, à vivre dans la honte, à croire qu’ils sont seuls et à croire qu’ils sont les seuls à avoir subi une telle violation et dégradation de la part d’un prêtre particulier, peut-on lire dans le rapport. «Il faut que ça s’arrête, et ça doit s’arrêter maintenant.»
L’archidiocèse n’a pas exigé d’ententes de confidentialité depuis le début des années 1990 et a renoncé à toute entente signée antérieurement.
Le comité a recommandé la création d’un bureau indépendant chargé de recevoir les allégations d’abus sexuels; la publication des noms et des photos des ecclésiastiques reconnus coupables, reconnus «accusés de façon crédible» ou ayant admis avoir commis des abus; et l’obligation pour toutes les personnes qui travaillent avec des enfants (religieux ou non) de suivre une formation en milieu sûr pour reconnaître et signaler les comportements inappropriés.
Les recommandations demandent également des évaluations de rendement obligatoires pour tous les prêtres de l’archidiocèse, une étude de la formation et de la sélection des prêtres au séminaire, des possibilités continues de guérison et de réconciliation pour les victimes, et un registre pancanadien des prêtres ayant des accusations crédibles contre eux.
Agnieszka Ruck
***