Devant l’arrivée massive de demandeurs d’asile, l’archevêché de Montréal a décidé d’ouvrir un centre d’accueil destiné principalement aux femmes enceintes et aux mères monoparentales. Cette initiative répond à un appel lancé par des organisations qui se préoccupent du sort des nouveaux arrivés avec ou sans papiers.
Le centre d’hébergement temporaire, dont l’ouverture est prévue le 2 octobre, sera installé au presbytère de la paroisse Notre-Dame-des-Victoires situé dans le secteur pastoral de Mercier-Ouest. «C’est un endroit idéal. Les chambres sont propres. Il y a une grande cuisine communautaire. Il y a même une vaste salle commune», assure Alessandra Santopadre, responsable de l’accueil des réfugiés pour le diocèse de Montréal.
«Nous sommes en contact avec des organismes comme le Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile et le Centre de détention de l’immigration à Laval. Ils m’appelaient pour savoir si nous avions une paroisse qui serait prête à les accueillir entre la période où ils reçoivent leur premier chèque et leur aménagement dans un loyer. Là, j’ai commencé à comprendre qu’il y avait un besoin concret qui n’était pas comblé», relate-t-elle.
Projet d’Église
Devant ce constat, Mme Santopadre s’est tournée vers Mgr Christian Lépine afin de lui présenter la situation. «Mgr Lépine a immédiatement réservé un presbytère pour accueillir les demandeurs d’asile.»
Alessandra Santopadre précise que le centre permettra d’accueillir des femmes enceintes et des mères monoparentales. «Nous avons opté pour ces personnes, car nous savons qu’elles sont les plus vulnérables», explique-t-elle.
Pour encadrer les bénévoles, qu’elle espère recruter d’ici le 2 octobre, elle compte sur l’embauche d’un coordonnateur. «Il nous aidera à former et à sensibiliser les futurs bénévoles au vécu de ces personnes en grande détresse.»
Mme Santopadre et son équipe sont également à la recherche de dons de toutes sortes afin de bien accueillir les futures résidentes du centre.
De son côté, Mgr Alain Faubert, évêque auxiliaire, trouve tout naturel que l’Église s’engage dans une telle aventure. «C’est tout à fait dans notre vision évangélique! Il faut prendre conscience que ce sont des personnes qui ont des besoins. Est-ce que nous allons les laisser sans ressources?», demande-t-il lors d’une entrevue téléphonique.
Mgr Faubert est conscient que certains citoyens, et des catholiques, manifestent des craintes face à ces demandeurs d’asile. «Comme évêque, j’ai voulu tout entendre. J’ai entendu des personnes qui étaient pour. J’ai aussi entendu des raccourcis intellectuels. Je constate que des groupes se sont montré le museau et ont aboyé des idées xénophobes. Pour ma part, je souhaite un débat pondéré. Il faut avoir le courage de se poser les bonnes questions dans cet enjeu qui nous dépasse.»
L’évêque souligne «que ce qui est arrivé cet été est un signal pour l’Église catholique et pour la société canadienne. La réalité migratoire ne va pas s’arrêter comme par magie. Nous sommes mis au défi d’avoir une tête et un cœur, non seulement pour 2017, mais sans doute aussi pour les années à venir.»