Le matin de la Fête des Mères, lors d’un culte diffusé en ligne, le pasteur Richard Bott a offert les excuses de l’Église Unie du Canada pour «un épisode honteux de son histoire qui ne peut être renversé».
C’est que de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1980, la plus importante Église protestante du Canada a eu la responsabilité de foyers de maternité. Dans au moins six de ces centres, situés en Colombie-Britannique, au Manitoba, en Ontario et au Québec, des mères célibataires ont été contraintes d’abandonner leurs nouveau-nés qui étaient ensuite confiés à l’adoption.
«L’Église Unie du Canada présente ses plus sincères excuses pour avoir joué un rôle, qu’elle considère comme déplorable et dommageable, dans les pratiques d’adoption sous pression, sous coercition», a déclaré le modérateur de cette Église le dimanche 9 mai 2021.
Un peu plus tôt, durant ce «culte d’excuses et de lamentations», des membres d’un comité mis sur pied en 2013 par cette Église ont révélé avoir recueilli de troublants témoignages de femmes qui ont été séparées de leurs enfants dans des foyers de maternité administrés, au XXe siècle, tant par les Églises catholique, unie, anglicane et presbytérienne que par l’Armée du Salut.
«Nous reconnaissons, comme Église, notre complicité. Nous sommes une Église qui a négligé de prendre en considération les conséquences physiques, émotionnelles et spirituelles des adoptions forcées pratiquées dans nos foyer de maternités», a déclaré Sarah Williams, une laïque, membre de ce Groupe de travail sur les adoptions forcées.
«Dans les services de maternité de l’Église Unie, on disait aux mères qu’elles étaient incapables d’avoir un enfant et encore moins d’en prendre soin.» La société mais aussi l’Église ont couvert de honte ces femmes. «La honte ressentie par ces mères, elles l’ont portée toute leur vie». L’Église a carrément «détruit des liens familiaux». Agir de la sorte n’était certainement «pas le dessein de Dieu», a-t-elle dit, reconnaissant que «l’Église était alors davantage attentive à l’écoute conformiste de la société de ce temps».
Au terme de son sermon, Sarah Williams s’est dite «privilégiée d’être membre de la seule Église canadienne qui, jusqu’à maintenant, ait assumé sa responsabilité dans les pratiques dommageables des foyers de maternité du XXe siècle».
«Nous avons entendu les récits de vos deuils et des pertes profondes que vous avez subies», a ensuite déclaré le modérateur Richard Bott lors du service religieux diffusé sur YouTube.
«Nous avons entendu toute votre souffrance découlant de la honte et de la stigmatisation infligées par l’Église et la société. Nous vous avons dit qu’avoir des enfants hors du mariage était un péché. Nous en sommes profondément désolés et nous déplorons qu’en tant qu’Église, nous ayons nié le message de notre foi.»
Au terme de cette célébration entièrement bilingue, le secrétaire général de l’Église Unie du Canada, le pasteur Michael Blair a indiqué qu’au-delà des excuses, l’Église s’engageait à «scruter et confronter toute croyance qui promeut la honte envers qui que ce soit», à offrir du soutien et à célébrer toutes les familles «qui créent un milieu d’amour, de sécurité et de possibilités de développement pour leurs membres». L’Église veut aussi «favoriser la guérison et la réconciliation pour toutes les personnes qui ont subi les contrecoups de l’adoption».
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