«Dans notre empressement à vous transmettre la bonne nouvelle de Jésus-Christ, nous sommes demeurés insensibles à la richesse de votre spiritualité. Nous vous avons imposé notre civilisation comme condition pour recevoir l’évangile.»
C’est en août 1986, à Sudbury, en Ontario, que Robert Smith, alors modérateur de l’Église Unie du Canada, a prononcé ces mots devant des aînés autochtones réunis dans un tipi érigé dans le stationnement de l’Université Laurentienne.
Au nom des membres du 31e Conseil général de la plus importante Église protestante du pays, le modérateur présentait solennellement des excuses aux Autochtones du Canada pour avoir ignoré leur spiritualité.
Trente ans plus tard, plus de 200 personnes ont rappelé l’événement et répété les paroles du modérateur Smith, lui-même présent lors de cette cérémonie présidée par l’actuelle modératrice Jordan Cantwell. Tous entouraient le cairn – une structure formée de pierres – installé à l’endroit même où les excuses de l’Église Unie du Canada ont été prononcées.
Ce samedi, les paroles de l’ex-modérateur Smith ont résonné de nouveau à Sudbury. «En essayant de vous modeler à notre image, nous avons contribué à détruire la vision à l’origine de votre spécificité».
Le révérend Robert Smith avait conclu son allocution de 1986 en ces termes: «Nous demandons votre pardon. Marchons ensemble dans l’esprit du Christ afin que nos peuples soient bénis et que la création de Dieu puisse guérir».
Samedi, dans le feuillet distribué aux personnes présentes à la commémoration, on rappelait la réaction des membres autochtones de l’Église Unie du Canada devant les propos du modérateur Smith.
«Après avoir entendu ces excuses, les gens ont dansé. Un participant a déclaré qu’il avait dansé comme jamais auparavant. Il n’avait jamais osé espérer que l’Église présenterait des excuses», y lisait-on.
«Les aînés, écrivait-on ensuite, ont conseillé aux personnes autochtones de simplement prendre acte de la déclaration d’excuses, et de la rapporter chez eux pour que les gens puissent l’entendre et discerner ce que signifie vivre conformément à cette déclaration d’excuses.»
Douze ans plus tard, en 1998, l’Église Unie du Canada s’est de nouveau excusée auprès des nations autochtones. Cette fois, c’était pour son rôle dans l’administration de quinze pensionnats autochtones, de 1849 à 1969.