Il a fallu six jours avant que la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) ne fasse connaître sa réaction au fait que le principal organisateur québécois de la Marche nationale pour la vie soit l’un des 19 signataires de la lettre accusant le pape François d’hérésie.
Le jeudi 9 mai, un peu moins de quatre heures avant que les marcheurs pro-vie ne circulent sur la colline parlementaire et dans les rues du centre-ville d’Ottawa, la CECC a indiqué, dans un déclaration déposée dans son site Web et acheminée aux médias, que tous les évêques du Canada, «en pleine communion avec le Saint-Père», vont continuer «à collaborer avec des organismes de tout le pays, dont plusieurs ne sont pas catholiques, dans des efforts pour réunir les gens de diverses perspectives qui croient en la sainteté de la vie».
Dans sa déclaration de 250 mots publiée aujourd’hui, la CECC ne mentionne jamais les noms de Campagne Quévec-Vie et de Georges Buscemi. Elle ne remet pas en question la participation des évêques et des catholiques canadiens à la Marche nationale pour la vie.
«Des événements comme les marches pour la vie annuelles et régionales sont des occasions significatives de réunir des milliers de personnes qui proclament d’une seule voix la dignité de toute vie humaine.»
«En pleine communion avec le Saint-Père, les évêques catholiques et tous les fidèles s’unissent pour déclarer, comme l’Église le croit depuis ses origines, que « la différence de la vie humaine est un bien absolu » et que « l’avortement et […] la suppression du malade [sont des] maux très graves qui contredisent l’Esprit de la vie, et nous font sombrer dans l’anti-culture de la mort »», a écrit la CECC, citant le pape François.
Dans une lettre acheminée plus tôt cette semaine aux membres de son réseau, le président de Campagne Québec-Vie estimait, de son côté, que sa lettre ouverte était «la nouvelle de la semaine».
«Signée par moi-même ainsi que des théologiens et philosophes catholiques, cette lettre est un ultime appel aux évêques de l’Église de nous délivrer du fléau de la papauté de François et de tout le mal que cause ce pontificat, y compris à la cause pro-vie et pro-famille», avait-t-il écrit.
La CECC n’a jamais répondu aux appels du journaliste de Présence demandant de commenter la lettre de monsieur Buscemi.
Le 9 mai, au moins sept évêques catholiques canadiens ont pris part à la Marche nationale pour la vie à Ottawa. Le nonce apostolique à Ottawa, Mgr Luigi Bonazzi, était également présent. Trois évêques – le cardinal Thomas Collins de Toronto, l’archevêque Terrence Prendergast d’Ottawa et l’archevêque Christian Lépine de Montréal – ont pris la parole lors du rassemblement, à l’invitation de John Henry Westen, cofondateur et rédacteur du blogue pro-vie LifeSiteNews. C’est ce blogue qui a publié la lettre accusant le pape François d’hérésie le 30 avril dernier.
Malaise au Québec
Le 6 mai, des évêques du Québec ont indiqué être mal à l’aise ou carrément choqués de voir le nom de Georges Buscemi, le président de Campagne Québec-Vie, au bas d’une lettre de vingt pages demandant aux évêques et aux cardinaux du monde entier d’«accuser le pape François du délit canonique d’hérésie», de «prendre les mesures nécessaires pour réagir à la situation grave d’un pape hérétique» et d’«exhorter publiquement le pape François à abjurer les hérésies qu’il a professées».
Lundi, le cardinal Gérald Lacroix a fait connaître sa «profonde déception» en apprenant que «le président du principal organisme québécois soutenant la Marche puisse même avoir songé appuyer une lettre accusant d’hérésies le pape François».
Le porte-parole de l’archevêque de Québec, Jasmin Lemieux-Lefebvre, a même indiqué avoir contacté personnellement Georges Buscemi «pour lui faire part qu’en signant cette lettre, il mettait en danger la crédibilité de la Marche nationale pour la vie».
Mgr Noël Simard, président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, a aussi réagi, à titre personnel. «J’avais l’habitude d’envoyer un chèque à Campagne Québec-Vie chaque année. Mais là, c’est bien fini», a-t-il déclaré lors d’une entrevue téléphonique.
«La Marche a sa raison d’être, il n’y a pas de doute», a précisé l’évêque de Valleyfield. «Le problème, c’est quand l’un des organisateurs prend des positions inacceptables, dans ce cas-ci par rapport au pape. C’est certain que cela rend l’allégeance plus difficile.»
Jusqu’au jour même de la manifestation, le site Web de la CECC proposait aux catholiques qui souhaitaient en savoir davantage sur la Marche nationale pour la vie d’aller visiter une page du site de Campagne Québec-Vie. Dans cette page, Georges Buscemi lui-même invitait les manifestants à se rendre aujourd’hui à Ottawa «pour défendre sans honte le droit à la vie pour tous les êtres humains». La CECC n’a retiré que jeudi matin le lien vers l’appel du président de CQV.
***