«Je tiens à souligner que la décision prise de retenir les fonds pour Développement et Paix ne doit en aucun cas suggérer que je n’ai plus confiance dans cet organisme.»
Dans une lettre qu’il vient de remettre à tous les curés et à tous les paroissiens de l’archidiocèse de Grouard-McLennan, Mgr Gerard Pettipas salue les «efforts sincères déployés par la direction de Développement et Paix» afin de s’assurer que les partenaires de l’organisme «se conforment aux enseignements sociaux et moraux de l’Église catholique». Mgr Pettipas est l’un des évêques ayant récemment annoncé qu’ils retenaient les dons pour l’organisme, collectés dans les paroisses pendant le carême, en raison de soupçons concernant certains partenaires de la Caritas canadienne qui ne respecteraient pas suffisamment la doctrine catholique.
L’archevêque albertain indique qu’il a reçu un document de Développement et Paix qui l’a rassuré. Il a annexé ce document à la lettre du 20 avril qu’il a acheminée à toutes les paroisses de Grouard-McLennan.
«Le document ci-joint de Développement et Paix m’a été envoyé cet après-midi ainsi qu’à tous les autres évêques canadiens», écrit Mgr Pettipas. La version de la lettre de l’archevêque, que l’agence de presse Présence a pu consulter, ne contenait pas le document de l’organisme de coopération internationale. Mais il s’agit d’une lettre que Serge Langlois, le directeur général de Développement et Paix, a fait parvenir quelques jours plus tôt aux membres en règle de l’organisme, a confirmé Mgr Pettipas par courrier électronique.
Cette lettre de deux pages, qui ne mentionne jamais le mouvement de retenue des sommes versées à Développement et Paix par plus d’une dizaine d’évêques de l’Ontario et des provinces de l’Ouest canadien, indique toutefois que c’est au mois d’octobre 2017 que «Développement et Paix – Caritas Canada, en collaboration avec la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), a entamé un processus de révision de nos partenariats en Afrique, en Amérique latine, en Asie et au Moyen-Orient».
«Pour que nos programmes et partenaires soient cohérents avec notre mission et notre mandat, il faut nous assurer que toutes celles et ceux qui travaillent avec Développement et Paix respectent entièrement le caractère sacré de la vie et la dignité de la personne humaine, de la conception jusqu’à la mort naturelle», ajoute Serge Langlois dans cette lettre datée du 17 avril 2018.
Le directeur général ajoute que «Développement et Paix ne peut nouer des partenariats avec des organisations qui pourraient mettre [sa] mission en péril».
«Avec plus de 202 projets dans 36 pays, nos programmes de paix et réconciliation, de démocratie et participation citoyenne, de justice écologique, d’égalité entre les femmes et les hommes, de souveraineté alimentaire et d’aide humanitaire sont tous revus et évalués à partir d’une vaste liste de critères, incluant le respect des valeurs catholiques», assure-t-il.
Cette lettre du directeur général de Développement et Paix «témoigne des efforts sincères déployés par la direction de Développement et Paix pour assurer cette conformité parmi leurs partenaires», estime Mgr Pettipas.
Il fut l’un des premiers évêques canadiens à annoncer qu’il allait dorénavant retenir les fonds versés à Développement et Paix durant la campagne Carême de Partage 2018.
«Les évêques du Canada ont récemment été informés des résultats préliminaires d’un examen des partenaires de Développement et Paix. Les premiers résultats sont alarmants. On estime que quarante partenaires semblent être en conflit avec l’enseignement moral et social de l’Église catholique, y compris le respect du caractère sacré de la vie humaine», avait-il écrit le 6 avril 2018.
Ces «résultats préliminaires d’un examen des partenaires» mentionnés par l’archevêque Pettipas dans sa première lettre n’ont pas été rédigés par le comité responsable de l’évaluation des partenaires formé en octobre 2017. La CECC a toujours refusé de dévoiler le contenu de cette évaluation préliminaire qui a alarmé plusieurs évêques et entraîné la retenue de sommes importantes versées spécifiquement pour Développement et Paix.
Devant les assurances obtenues du directeur général, l’archevêque de Grouard-McLennan indique que les membres et le personnel de Développement et Paix sont dignes de confiance et reconnaît qu’ils «fournissent un service précieux à nos paroisses et écoles».
Il ajoute que «l’aide en cas de catastrophe dans le monde entier» n’a jamais été remise en question. Mgr Pettipas termine sa lettre aux paroisses avec cette phrase: «Ce n’est pas le moment de « jeter le bébé avec l’eau du bain »».