Raymond Poisson, évêque de Joliette depuis 2015 et évêque auxiliaire à Saint-Jérôme de 2012 à 2015, vient d’être nommé évêque coadjuteur de ce diocèse qu’il a quitté il y a moins de trois ans.
Cette nomination fait en sorte que Mgr Poisson secondera dès à présent Mgr Pierre Morissette, l’actuel ordinaire du lieu, et qu’il deviendra évêque de Saint-Jérôme lorsque ce dernier remettra sa démission au pape.
La nouvelle, annoncée ce matin par le Vatican puis par la conférence épiscopale canadienne, entraînera aussi la nomination d’un nouvel évêque à Joliette. Jusqu’à l’arrivée de son successeur, Mgr Poisson est nommé administrateur apostolique du diocèse de Joliette.
Réaction de Mgr Morissette
«Je suis très content. C’est une très heureuse solution», a indiqué ce matin Mgr Pierre Morissette. Joint à Saint-Jérôme peu après l’annonce de l’arrivée de Mgr Poisson, Mgr Morissette rappelle que les deux évêques ont travaillé ensemble durant trois ans et que «ce fut très convivial».
«On a réussi à bien travailler ensemble même si on est très différents de caractère», ajoute-t-il. «Le voir revenir, c’est une excellente nouvelle.»
En novembre 2017, Mgr Morissette, alors âgé de 73 ans, a écrit au pape François afin de lui demander la nomination d’un évêque coadjuteur à Saint-Jérôme, une procédure peu courante mais prévue par le droit canonique. Un évêque présente habituellement sa démission lorsqu’il atteint l’âge de 75 ans.
«Compte tenu de l’importante réflexion dans laquelle le diocèse de Saint-Jérôme est engagé, compte tenu des répercussions de cette réflexion dans les années à venir, il m’est apparu important de bien faire la transition entre moi-même et celui qui sera mon successeur et qui devra vivre avec les orientations que la Commission diocésaine proposera», avait-il expliqué lorsque le nonce apostolique au Canada l’avait informé que le pape acceptait sa demande, sans préciser toutefois qui deviendrait évêque coadjuteur.
Mgr Poisson «arrive au moment où la commission [ndlr: Commission diocésaine sur la mission et l’action pastorale] va me présenter son rapport. Je pourrai étudier ce rapport avec lui, bien sûr.»
«Je ne veux quand même pas mettre mon successeur dans une situation qu’il n’aimerait pas. Comme il arrive un peu plus tôt que prévu, je trouve que c’est magnifique», dit encore Mgr Morissette.
Le diocèse de Saint-Jérôme compte aujourd’hui 35 paroisses (54 églises) et une population de 413 837 catholiques. Quarante-trois prêtres, dont la moitié a plus de 66 ans, œuvrent dans ces paroisses. Le diocèse compte aussi 14 diacres et 44 agents et agentes de pastorale.
Davantage de collaborations
De retour de Québec où il participait à une rencontre avec des séminaristes, Mgr Raymond Poisson indique qu’il éprouve deux sentiments devant sa nomination.
«Je veux redire ma solidarité aux gens de Joliette que j’aime beaucoup», dit le nouvel évêque coadjuteur. «Le Saint-Père m’a demandé d’être administrateur apostolique le temps qu’il y ait un successeur ce qui, entre nous, peut prendre un peu de temps», ajoute-t-il.
«J’éprouve aussi de la joie. J’ai beaucoup, beaucoup aimé mon séjour de trois années comme auxiliaire à Saint-Jérôme», confie-t-il.
Mgr Poisson reconnaît que les deux diocèses, qui sont voisins géographiquement, affrontent des «défis semblables même si les approches peuvent être différentes selon les évêques, les circonstances et les gens en place».
«Les défis par rapport au parc immobilier, à l’éducation de la foi et à la catéchèse sont sensiblement les mêmes.» Il voit dans ces similitudes «l’occasion de faire naître entre les deux diocèses davantage de collaborations».
«On demande bien à deux paroisses voisines de travailler ensemble. Pourquoi pas deux diocèses?», lance-t-il.
Mais pas question de faire disparaître un diocèse au détriment d’un autre.
«Chacun a son histoire, son patrimoine, une grande population à servir. Mais on pourrait permettre, par exemple, plus de collaborations dans le personnel. Ce serait intéressant, notamment au niveau de l’administration, des communications.»
Deux emplois, plusieurs défis
En demeurant administrateur apostolique à Joliette et en devenant évêque coadjuteur à Saint-Jérôme, Mgr Poisson ne cumule-t-il pas deux emplois? «C’est bien cela», lance-t-il en riant. «Mais je n’aurai qu’une paie».
«Je me prépare à être présent lors de rencontres du personnel ou d’études à Saint-Jérôme mais je m’attends aussi à demeurer à Joliette un moment, notamment pour les grands anniversaires, les fêtes liturgiques, les tournées de paroisses», explique-t-il, et cela tant que son remplaçant ne sera pas nommé.
«J’aurai donc une résidence principale et une résidence secondaire», dit-il.
Plus sérieusement, il explique que tous les diocèses aujourd’hui font face à des défis importants. «Si on veut poursuivre notre mission, il faut adapter nos ressources à nos réels besoins et à nos capacités. On n’a plus le choix», dit Mgr Raymond Poisson qui sait que dans son nouveau – et ancien – diocèse, une Commission diocésaine sur la mission et l’action pastorale se penche actuellement sur l’avenir des paroisses et des communautés.
Il annonce déjà sa position. «Il faut respecter les gens. Et il faut décider de l’avenir ensemble», tout en rappelant qu’«au Québec, on a une histoire qui veut qu’une paroisse, ça appartient aussi à la communauté chrétienne, au niveau des biens matériels».
«Je suis content que le diocèse fasse cette étude et je vais y participer. Mais en termes de communications, faudrait peut-être y aller un peu plus sur la pointe des pieds», estime le nouvel évêque coadjuteur de Saint-Jérôme.